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Présidentielle 2025 : une recomposition politique à marche forcée

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Le paysage politique gabonais connaît une profonde mutation depuis le coup d’État du 30 août 2023 mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Promettant un renouvellement de la classe politique, le chef de la transition a mis en avant une jeunesse engagée, consciente des défis de développement et désireuse de moderniser les institutions. Cette volonté affichée de renouveau démocratique tend progressivement à redéfinir les rapports de force politiques.

Dès leur arrivée au pouvoir, les militaires se sont appuyés sur des mouvements associatifs,  reléguant les partis politiques à un rôle secondaire. Cette marginalisation s’est traduite par l’adoption de réformes majeures, notamment un nouveau Code électoral et la nouvelle Constitution, sans que les formations politiques traditionnelles n’aient véritablement leur mot à dire. Ce processus de refondation institutionnelle, mené tambour battant, tend à affaiblir les structures partisanes établies et à redéfinir les cadres d’expression politique.

Des partis politiques déstructurés 

Le Parti démocratique gabonais (PDG), pilier du régime déchu, apparaît comme la première victime de cette recomposition forcée. Secoué par des divisions internes, il peine à se réinventer et à trouver sa place dans cette nouvelle donne politique. L’érosion de son influence ouvre ainsi un boulevard aux nouvelles forces politiques, tandis que d’autres formations politiques épousent elles aussi la même courbe. 

C’est notamment le cas du parti REAGIR, ou plus récemment le parti Pour le changement (PLC), dont le Secrétaire exécutif, Anges Kévin Nzigou a claqué la porte, quelques jours seulement après sa nomination en qualité de Coordinateur général du mouvement « Les bâtisseurs », le véhicule censé conduire Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidence de la République. 

« Les Bâtisseurs », un parti attrape-tout, pour quel avenir ?

Ce mouvement politique, semblable à un parti attrape-tout, rassemblant diverses sensibilités politiques, s’impose ainsi progressivement comme la principale force politique du pays, agissant de manière disruptive. L’invitation du général Brice Clotaire Oligui à rallier son projet politique, laisse entrevoir une absorption progressive des formations existantes et une concentration du pouvoir autour de cet ovni politique qu’est le mouvement « Les Bâtisseurs ». Une stratégie d’ancrage qui ne devrait logiquement pas lui être difficile à réaliser tant la classe politique gabonaise est frappée par le fléau de la transhumance politique.

Si cette reconfiguration rapide du paysage politique vise à renouveler les élites et à impulser un souffle nouveau, elle comporte néanmoins des risques d’instabilité institutionnelle. La disparition progressive des oppositions structurées au profit d’un mouvement unique pourrait ainsi fragiliser le pluralisme et engendrer une gouvernance centralisée, peu propice à la contradiction démocratique. À l’approche de l’échéance présidentielle, la question reste entière : cette recomposition politique menée à marche forcée donnera-t-elle naissance à un système durable ou à une nouvelle ère d’incertitudes pour le Gabon ? Seul l’avenir nous le dira !

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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