Poste SA : trois mois sans salaire, les agents créent un nouveau syndicat

En plein cœur de la rentrée scolaire, les agents de la Poste SA, privés de salaires depuis trois mois, ont lancé un appel pressant au chef de l’État ce lundi 8 septembre 2025 à Libreville. Excédés par des années de précarité et une gouvernance jugée défaillante, ils annoncent la création d’une nouvelle organisation syndicale pour défendre leurs droits.
Trois mois sans salaire, un désarroi grandissant. « Depuis 2015, les agents n’ont plus connu la sérénité dans la perception de leurs salaires », a dénoncé la porte-parole du collectif des travailleurs, rappelant que les salaires sont tantôt payés avec retard, tantôt totalement impayés. Aujourd’hui, les agents de la Poste accusent trois mois d’arriérés et amorcent un quatrième mois sans rémunération.
Cette situation, jugée « dramatique », a des répercussions directes sur la vie des familles et la santé des travailleurs. « Nous demandons l’intervention du président de la République », ont-ils lancé, alors que la rentrée scolaire aggrave encore leurs difficultés.
Une subvention de l’État épuisée prématurément
Pour les employés, les causes de cette crise sont connues. Depuis plusieurs années, les salaires ne sont plus financés par l’activité de l’entreprise, devenue « inopérante », mais par des subventions de l’État. Or, celle octroyée en 2024 s’est « épuisée prématurément », révélant une « mauvaise maîtrise de la masse salariale ».
Dans l’attente de la mise en œuvre d’un plan de relance soumis au gouvernement, les agents dénoncent l’inaction et pointent une gestion qui « fragilise davantage un outil stratégique pour le pays ».
Un nouveau syndicat pour défendre la dignité des agents
Face à ce blocage, les agents de la Poste SA ont décidé de créer une nouvelle organisation syndicale, « sans exclusive », qui se veut « crédible, viable et au service des travailleurs ». Leur objectif : devenir une « voix d’interposition » dans le dialogue social avec la direction générale et le ministère de tutelle.
« Notre démarche ne vise pas à détrôner qui que ce soit, mais à renforcer le dialogue, à faire preuve d’éthique, de vivre-ensemble et à garantir les intérêts des travailleurs », a expliqué la porte-parole. Une campagne nationale d’adhésion sera lancée la semaine prochaine, suivie d’une assemblée générale constitutive.
Une urgence sociale et politique
Dans un pays où la Poste demeure un maillon essentiel du service public, cette crise illustre les difficultés structurelles des entreprises publiques. Elle interroge aussi la capacité de l’État à honorer ses promesses de « restauration de la dignité » faites au lendemain du 30 août 2023.
Pour les agents, il y a urgence : « Nous ne voulons plus survivre dans l’humiliation. Il est temps que la parole donnée se traduise en actes. »
GMT TV