Port-Gentil : un non-initié grièvement brûlé lors d’un rite frang

À Port-Gentil, un rite traditionnel fang a tourné au drame. Trois quadragénaires ont été placés sous mandat de dépôt après avoir grièvement brûlé leur ami, non initié, avec un produit chimique. Les faits, rapportés par L’Union, relancent le débat sur les dérives liées à certaines pratiques rituelles.

Un fait divers d’une rare gravité secoue la capitale économique du Gabon. Trois compatriotes, âgés d’une quarantaine d’années, ont été écroués à la prison centrale de Port-Gentil le 19 décembre 2025, après avoir accidentellement brûlé au troisième degré leur ami lors d’un rite traditionnel. L’information est rapportée par le quotidien L’Union dans son édition du 23 décembre 2025.

Les faits se sont déroulés dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 décembre, au quartier Izouwa, dans le 4ᵉ arrondissement de la cité pétrolière. Les mis en cause, Gabriel Akoume Biteghe, Hugues Pierre Biyoghe et Idonie Ambonguila, participaient à une veillée rituelle fang, réunissant plusieurs initiés.

Un « intrus » au cœur du drame

Selon les premiers éléments de l’enquête, aux environs de 3 heures du matin, les initiés marquent une pause après plusieurs heures de danse. Installés dans une pièce, ils remarquent la présence d’un homme qu’ils considèrent comme un « intrus », car non initié au rite. Il s’agissait de leur propre frère et ami, Willy Etoughe, retrouvé allongé à même le sol, en état d’ébriété.

« Il n’avait pas le droit d’être parmi nous. Nous lui avons demandé pourquoi il se trouvait là », a confié Gabriel Akoume Biteghe aux enquêteurs de la Police judiciaire, lors de sa garde à vue, selon L’Union. Les initiés expliquent avoir ensuite administré des gifles à la victime, un geste qu’ils estiment conforme à la tradition.

Un produit chimique confondu avec de l’eau

C’est à ce moment que le drame se produit. Tentant de réveiller Willy Etoughe, Hugues Pierre Biyoghe se serait saisi d’un bidon posé à proximité, pensant qu’il contenait de l’eau. Or, le récipient renfermait en réalité un produit chimique.

Le liquide est versé sur la victime, qui ne réagit pas immédiatement. Quelques instants plus tard, il se met à hurler et à se tordre de douleur, révélant l’ampleur des brûlures. Pris de panique, ses compagnons le conduisent d’urgence dans un établissement hospitalier de Port-Gentil, où les médecins constateront des brûlures au troisième degré.

Trois initiés sous mandat de dépôt

Face à la gravité des faits, une enquête est ouverte. Les trois initiés sont interpellés puis placés sous mandat de dépôt le vendredi 19 décembre 2025. Ils séjournent désormais à la prison centrale de Port-Gentil, en attendant les suites judiciaires de cette affaire.

Ce drame, qui a plongé le quartier Izouwa dans la stupeur, soulève une nouvelle fois la question des dérives liées à certaines pratiques traditionnelles, surtout lorsqu’elles sont exercées en dehors de tout cadre sécurisé. À Port-Gentil, l’émotion reste vive, tandis que la justice devra déterminer les responsabilités pénales exactes dans un acte qualifié d’« incontrôlé » par les mis en cause, mais aux conséquences humaines lourdes.