Port-Gentil : l’occupation anarchique des mangroves, une bombe écologique et sanitaire

Capitale économique du Gabon, Port-Gentil est aujourd’hui menacée par les effets conjugués du réchauffement climatique et de l’urbanisation anarchique. De passage dans la ville de sable, le délégué spécial en charge de la commune, Pierre Rizogo Rousselot, a accordé un entretien à Gabon Media Time au cours duquel il a tiré la sonnette d’alarme sur l’occupation illégale des zones de mangrove, soulignant les risques écologiques, sanitaires et humains.
« La mangrove est une zone de reproduction aquatique ». Pour l’édile de Port-Gentil, la situation est critique : « La mangrove est une zone de reproduction aquatique », a-t-il expliqué. Or, cet espace vital pour le frai des poissons et barrière naturelle contre l’érosion est désormais transformé en zone d’habitation comme à Lipe Matanda. Conséquence : pollution des eaux par les rejets humains, contamination de la chaîne alimentaire et propagation de maladies comme la typhoïde, parfois mortelles pour les enfants.
Malgré des avertissements répétés depuis 2014 par les autorités, ces occupations se sont multipliées, y compris dans des zones classées « non aedificandi » telles que Cap Lopez ou la plaine de l’aéroport. « C’était un défi lancé à l’État », estime Pierre Rizogo Rousselot.
Une ville sous la menace des eaux
Port-Gentil, située presque au niveau de la mer, reste particulièrement vulnérable à la montée des eaux et aux phénomènes climatiques extrêmes. Les tempêtes et inondations récentes en ont donné un aperçu. « Le grand phare de Cap Lopez, jadis sur la côte, est aujourd’hui pratiquement dans l’eau », souligne le délégué spécial.
Au-delà de la perte de biodiversité, c’est la sécurité même des populations qui est menacée. Face à la résistance des habitants lors des opérations de déguerpissement, le Général Rizogo Rousselot assume : « Quand nous intervenons, certains estiment que nous sommes fous. Mais je suis un fou bien portant : je ne fais que ce que je dois faire ».
Entre humanisme et fermeté
Si les interventions se veulent fermes, elles n’excluent pas une approche humaniste. Certaines écoles ou infrastructures communautaires ont été épargnées pour éviter d’aggraver la vulnérabilité des populations. « Nous avons demandé aux habitants d’utiliser la zone réservée et de libérer la mangrove. On ne peut pas continuer à vivre comme si la ville n’avait pas de règles », a-t-il insisté.
Pour le délégué spécial de la capitale économique, l’équation est claire. « Ce qui arrive ailleurs peut arriver ici », a-t-il prévenu, appelant à une prise de conscience collective. Car à Port-Gentil, la survie même de la ville dépendra de la capacité des populations et des autorités à préserver les écosystèmes côtiers face aux effets du réchauffement climatique.
GMT TV