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Port-Gentil : la zone de «non aedificandi» du Cap Lopez envahie par des habitations anarchiques

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La capitale économique du Gabon est confrontée à une menace écologique et sanitaire majeure : l’occupation anarchique de la zone de « non aedificandi » du Cap Lopez. Transformée en zone d’habitation, cette partie sensible de la mangrove est devenue un foyer de pollution, aggravant les risques de maladies comme la typhoïde et exposant Port-Gentil à un danger accru de submersion.

Une mangrove sacrifiée au profit de l’habitat précaire. La mangrove est une zone de reproduction aquatique. Ce poumon écologique, essentiel pour l’équilibre de l’écosystème côtier, est pourtant livré à une urbanisation anarchique. Les rejets humains y sont quotidiens, contaminant l’eau et la chaîne alimentaire. Résultat : multiplication des cas de typhoïde, décès d’enfants et disparition progressive des ressources halieutiques.

La situation est d’autant plus alarmante que Port-Gentil est située presque au niveau zéro de la mer. « Le grand phare de Cap Lopez, jadis sur la côte, est aujourd’hui pratiquement dans l’eau », prévient le délégué spécial, rappelant que le réchauffement climatique accentue la vulnérabilité de la ville.

Mutisme du Conseil départemental de Bendjé

Alors que la mairie de Port-Gentil multiplie les opérations de sensibilisation et de déguerpissement, le Conseil départemental de Bendjé reste silencieux. Son absence de réaction sur cette occupation illégale interroge. Ce mutisme contraste avec les actions menées dans d’autres arrondissements de la ville. À Lipe Matanda, dans le 4ᵉ arrondissement, 150 hectares de mangrove ont été libérés après plus de 40 ans d’occupation illégale, grâce à une volonté politique ferme et une mobilisation conjointe des autorités.

La destruction anarchique des mangroves de Port-Gentil et ses environs ne se limite pas à une problématique locale. Elle pose la question de la résilience du Gabon face aux effets du réchauffement climatique et à la montée des eaux. Barrières naturelles contre l’érosion, zones de frai pour les poissons, filtres écologiques : les mangroves constituent un patrimoine vital que le pays ne peut se permettre de sacrifier.

Dans ce contexte, Port-Gentil apparaît comme un laboratoire des urgences écologiques nationales. Le cas du Cap Lopez illustre les dérives d’une urbanisation non maîtrisée et la nécessité d’une stratégie claire, alliant fermeté, accompagnement social et planification urbaine durable.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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