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Port-Gentil : 150 hectares de mangrove libérés à Lipe Matanda après 40 ans d’occupation anarchique

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À Port-Gentil, dans le quatrième arrondissement, les autorités locales ont procédé depuis le 29 juin au déguerpissement et à la démolition de plus de 150 000 m² de maisons construites illégalement sur la mangrove de Lipe Matanda. Une opération d’envergure saluée par les habitants, mais qui pose déjà la question de la préservation de cet écosystème menacé par la pression foncière.

Une occupation illégale vieille de quatre décennies. Située dans la commune de Port-Gentil, chef-lieu du département et de la province de l’Ogooué-Maritime, Lipe Matanda était depuis plus de 40 ans occupée de manière anarchique par des ressortissants étrangers, libériens, ghanéens et principalement béninois. Installés sur pilotis, ces derniers ont contribué à la destruction progressive de la mangrove, pourtant essentielle à l’équilibre écologique et à la protection de la ville face à la montée des eaux.

« Cela fait plusieurs années qu’on leur a demandé de libérer cet endroit-là, ils ne l’ont pas fait », a confié Kevin Rogombé, rencontré sur les lieux par Gabon Media Time. C’est finalement à la suite d’une instruction donnée lors de la visite du ministre de l’Environnement il y a deux mois à Port-Gentil, que la mairie, appuyée par la société Le Roi des chantiers, grâce à qui l’opération de déguerpissement a été rendu possible. 

Une logistique lourde mobilisée

Menée sur près de 150 000 m² depuis le 28 juin 2025, l’opération a nécessité d’importants moyens matériels. « Ils ont cinq camions bennes de 17 m³ et ils font à peu près 20 tours par jour. C’est le Roi des chantiers qui nous a accompagnés dans cette opération-là. On les remercie parce que la mairie n’avait pas de logistique pour faire ce travail-là », a précisé Kevin Rogombé.

Selon ses estimations, plusieurs milliers de tonnes de débris ont été évacuées, mettant en évidence l’ampleur des installations illégales qui avaient transformé la mangrove en zone d’habitation informelle.

Soulagement des populations et restauration de l’autorité de l’État

L’initiative a été accueillie favorablement par une grande partie des habitants de Port-Gentil. « Les Port-gentillais sont  soulagés parce que ça fait longtemps qu’on parle de cette mesure de déguerpissement. Ceux qui nous ont précédés ont eu peur pour des raisons mystico-traditionnelles. Et nous, on n’a pas hésité à venir le faire parce qu’il est question de protéger la ville de Port-Gentil, de la montée des eaux », a-t-il ajouté.

Si quelques protestations ont été observées au départ, notamment de la part des populations béninoises concernées, la majorité des riverains se disent satisfaits de voir l’État réaffirmer son autorité dans une zone devenue une véritable enclave de non-droit.

Le défi de la préservation de la mangrove

Mais au-delà de ce soulagement immédiat, le défi reste entier : empêcher de nouvelles occupations anarchiques. « Le risque maintenant est que d’autres personnes s’installent sur le terrain alors qu’on devrait laisser la mangrove repousser pour protéger la commune qui encourt la submersion à long terme », a mis en garde Kevin Rogombé.

La réussite de cette opération, qui marque une étape importante dans la lutte contre la destruction des écosystèmes côtiers, dépendra désormais de la capacité des autorités à sécuriser le site et à accompagner la régénération naturelle de la mangrove, poumon écologique de Port-Gentil.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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