Politique monétaire : Bitsutsu-Gielessen interpelle la BEAC et dénonce un frein structurel au développement du Gabon
Dans une déclaration sans concession publiée le 16 décembre 2025, le président du Mouvement Priorités Citoyennes, Guillou Bitsutsu-Gielessen, met en cause le rôle de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la dépendance du Gabon au franc CFA. Une sortie politique qui relance le débat sensible sur la souveraineté monétaire, la politique du crédit et les « créances douteuses » pesant sur l’économie nationale.
La question monétaire refait surface dans le débat public gabonais. Dans une déclaration relayée par Gabon Media Timele, ce mardi 16 décembre 2025, Guillou Bitsutsu-Gielessen, président du Mouvement Priorités Citoyennes, a vivement critiqué ce qu’il considère comme des entraves structurelles au développement du Gabon, pointant directement la BEAC et le système du franc CFA.
« Tout est fait pour ralentir le développement du Gabon », assène-t-il, avant d’exiger que la banque centrale régionale « donne les détails de ces créances douteuses » qui, selon lui, pèsent lourdement sur la capacité du pays à financer sa croissance.
La question des créances douteuses au cœur de l’interpellation
Au centre de la critique figure la gestion des créances dites douteuses, souvent évoquées dans les rapports bancaires mais rarement expliquées au grand public. Pour Guillou Bitsutsu-Gielessen, l’opacité entourant ces créances alimente un système défavorable aux économies nationales, en particulier au Gabon.
En appelant la BEAC à plus de transparence, l’acteur politique soulève une interrogation majeure : ces créances sont-elles un simple problème de gouvernance bancaire ou un levier structurel qui limite volontairement l’accès au crédit et freine l’investissement productif ?
Cette interpellation intervient dans un contexte où les autorités gabonaises affichent leur volonté de relancer l’investissement, notamment à travers des réformes budgétaires et des politiques de soutien à l’entrepreneuriat. Mais pour les critiques du système monétaire actuel, ces efforts restent contraints par un cadre régional jugé trop rigide.
Franc CFA et souveraineté du crédit : un débat relancé
Au-delà des créances douteuses, Guillou Bitsutsu-Gielessen pose une question plus fondamentale : celle de la souveraineté monétaire. « Comment le Gabon peut se développer quand on loue une monnaie (…) et ne contrôle pas les instruments de sa politique nationale du crédit ? », interroge-t-il.
Cette sortie ravive un débat ancien mais toujours sensible en Afrique centrale : celui de la capacité des États membres de la CEMAC à définir librement leur politique de crédit dans un système monétaire mutualisé. Pour ses détracteurs, le franc CFA limite la marge de manœuvre des États en matière de financement de l’économie, en particulier pour les PME et les projets structurants. À l’inverse, les défenseurs du système mettent en avant la stabilité monétaire et la discipline macroéconomique qu’il impose, dans une région historiquement exposée aux chocs inflationnistes.
Un débat politique appelé à s’intensifier
La prise de position de Guillou Bitsutsu-Gielessen s’inscrit dans une dynamique plus large de remise en question des modèles économiques hérités. À l’heure où le Gabon, sous la Vᵉ République, affiche des ambitions de transformation économique et de souveraineté accrue, la question monétaire pourrait devenir un terrain de débat central.
Reste à savoir si cette interpellation trouvera un écho institutionnel auprès de la BEAC et des autorités gabonaises, ou si elle rejoindra la longue liste des critiques politiques sans traduction concrète. Une chose est certaine : dans un contexte de tensions sociales, de besoins massifs d’investissement et d’exigence de résultats, le lien entre monnaie, crédit et développement ne peut plus être éludé.









GMT TV