PLF 2026 : l’Etat parie sur la relance par l’investissement et la consommation, mais à quel prix ?
Le Projet de Loi de Finances 2026 affiche une ambition claire, relancer la croissance économique par la stimulation de la demande intérieure et l’intensification des investissements publics. Selon le document adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, les recettes de l’État sont évaluées à 4 327 milliards FCFA, soit une hausse de 44 % par rapport à 2025. Cette progression repose sur l’augmentation des recettes fiscales (+30 %, à 2 404 milliards FCFA) et sur la dynamique des « autres recettes » non fiscales (+74 %, à 1 868 milliards FCFA). L’État compte ainsi sur une amélioration de la mobilisation des impôts, la valorisation du patrimoine public et des mesures incitatives à la consommation des ménages, notamment via la baisse ou l’exonération ciblée de certaines taxes sur les produits de base et les équipements productifs
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Mais cette relance par la dépense publique a un coût. Les dépenses totales sont fixées à 5 887 milliards FCFA, en hausse spectaculaire de plus de 120 % par rapport à 2025. Parmi elles, les dépenses d’investissement atteignent 3 321 milliards FCFA, soit plus de la moitié du budget général, traduisant la volonté gouvernementale d’amorcer un choc d’investissement dans les infrastructures, l’éducation et l’énergie. Les dépenses de personnel (960 milliards) et de transferts sociaux (441 milliards) confirment également une stratégie de soutien à la consommation et à la stabilité sociale.
Un pari risqué sur le déficit et l’endettement
Cependant, l’équilibre budgétaire reste le talon d’Achille du Projet de loi de finances 2026. Le solde budgétaire global affiche un déficit record de 2 033 milliards FCFA, contre environ 1 000 milliards en 2025. Autrement dit, le pays dépensera près de 50 % de plus que ses recettes. Ce déséquilibre devra être couvert par un recours accru aux emprunts, à la mobilisation de ressources extérieures et à des cessions d’actifs publics. Le gouvernement assume ce choix en le présentant comme un investissement dans la relance, mais les analystes y voient un risque de dépendance financière et de pression future sur la dette souveraine.
L’exécutif mise donc sur une relance simultanée par la consommation et l’investissement, tout en espérant que les réformes fiscales, notamment les exonérations pour le secteur extractif, le soutien aux énergies renouvelables et la taxation environnementale, permettront d’élargir l’assiette fiscale à moyen terme. Reste à savoir si la dynamique de croissance compensera ce déficit massif sans compromettre la soutenabilité budgétaire. En d’autres termes, le PLF 2026 dessine un pari audacieux, celui d’un État investisseur et protecteur, mais qui marche sur un fil financier particulièrement tendu.










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