A La UneDerniers articlesECONOMIE

PLF 2026 : les primes des fonctionnaires portées à 94 milliards, soit 514% de hausse

Ecouter l'article

La Fonction publique continue de peser lourdement sur les finances publiques. Selon les prévisions du Projet de loi de finances (PLF) 2026, le plafond d’autorisations d’emplois est désormais fixé à 119 317 agents, dont plus de 114 500 pour les ministères. Dans le même temps, les dépenses de personnel atteignent un niveau record de 959,7 milliards de FCFA, soit une hausse de 16 % par rapport à l’exercice 2025. Cette augmentation survient pourtant dans un contexte de rigueur budgétaire, où le gouvernement prône une réduction des charges et une rationalisation des dépenses de fonctionnement.

Mais la progression la plus spectaculaire concerne les primes et indemnités des fonctionnaires, dont l’enveloppe connaît une hausse vertigineuse. En 2025, elle s’élevait à 15 milliards de FCFA. En 2026, elle bondit à 94 milliards, soit une hausse de 514%. Une évolution qui interroge, alors même que le pays cherche à maîtriser ses dépenses publiques et à renforcer la discipline budgétaire. Cette flambée des avantages pécuniaires pourrait raviver le débat sur l’équité salariale entre agents publics, dans un contexte social déjà tendu.

Une Fonction publique budgétivore depuis le coup d’État

D’après les données officielles, la solde permanente représente à elle seule 833,7 milliards de FCFA, tandis que les rémunérations des autres catégories de salariés s’élèvent à 32 milliards. La masse salariale totale, indexée aux effectifs autorisés, atteint ainsi 909,5 milliards de FCFA, absorbant près d’un quart des recettes budgétaires du pays. Ce déséquilibre structurel traduit la dépendance chronique de l’État à la dépense salariale, dans un contexte marqué par une recherche accrue de financements pour investir dans des projets structurants. 

Depuis le changement politique du 30 août 2023, la courbe des dépenses publiques liées à la Fonction publique n’a cessé de grimper, portée par des recrutements massifs, notamment au sein des Forces de défense et de sécurité, et la revalorisation des indemnités. Ainsi, Ali Bongo a quitté le pouvoir en 2023, laissant la masse salariale à 691 milliards de FCFA. En l’espace de deux ans, elle a bondi de près d’un tiers. Si le gouvernement justifie ces hausses par la nécessité de rétablir la justice dans le traitement des agents publics et de la rendre plus performante, certains observateurs y voient plutôt un risque d’asphyxie budgétaire, susceptible de compromettre les efforts de relance économique et de diversification.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page