PLF 2026 : 36% des effectifs de la fonction publique absorbés par les forces de Défense et de Sécurité
Les Forces de défense et de sécurité (FDS) gabonaises confirment leur statut d’« enfants gâtés de la République ». Malgré un bilan mitigé en matière de sécurité intérieure et les nombreux cas de corruption régulièrement dénoncés dans leurs rangs, elles continuent de concentrer l’essentiel des moyens humains et financiers de l’État. À l’occasion de l’examen du Projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026, actuellement en débat à l’Assemblée nationale, le gouvernement affiche clairement ses priorités, un soutien budgétaire accru au secteur sécuritaire. Selon les chiffres du projet, les effectifs combinés du ministère de la Défense nationale et de celui de l’Intérieur représenteraient à eux seuls 36 % de l’ensemble de la Fonction publique, institutions comprises.
Le PLFI 2026 fixe à 119 317 le nombre total d’agents publics, soit 1 141 postes supplémentaires par rapport à l’exercice en cours. Dans cette répartition, le ministère de la Défense nationale domine largement avec 32 689 agents. Le ministère de l’Intérieur affiche 10 322 fonctionnaires. Ensemble, ces deux départements forment le plus important contingent de la Fonction publique, loin devant l’Éducation nationale, qui compte 17 200 agents de moins, et le secteur de la Santé, limité à 12 371 fonctionnaires. Un déséquilibre flagrant, qui met en lumière les priorités budgétaires discutables d’un gouvernement pourtant confronté à une crise des enseignants, à des infrastructures sanitaires insuffisantes et à un secteur privé balbutiant.
Un choix budgétaire contesté dans un pays en quête de développement
Le gouvernement justifie cette orientation par sa volonté de bâtir une armée moderne et performante d’ici cinq ans. Une loi de programmation militaire prévoit en effet plus de 2 000 milliards de FCFA de dépenses pour renforcer les équipements, construire de nouvelles casernes, réhabiliter les infrastructures existantes et former les troupes. Si l’objectif peut sembler légitime, son ampleur interroge dans un pays où les pénuries d’eau et d’électricité persistent, où les hôpitaux manquent de personnel et où le pouvoir d’achat des ménages continue de s’éroder. Pour nombre d’observateurs, investir autant dans la défense au détriment des services essentiels revient à creuser les inégalités sociales et à retarder la relance économique durable.
En matière de dépenses de personnel, les missions « Défense nationale » et « Intérieur » concentrent à elles seules 20 % de la masse salariale de la Fonction publique, estimée à 960 milliards de FCFA en 2026. Ce poids budgétaire alimente les inquiétudes quant à la soutenabilité financière du projet de loi de Finances, évalué à 7 200 milliards de FCFA, dont plus de 3 000 milliards proviendront d’emprunts extérieurs. Dans un contexte économique incertain, ces arbitrages traduisent une vision à court terme, jugée hasardeuse et contre-productive, qui risque d’affaiblir davantage les secteurs productifs et de compromettre les ambitions de diversification économique du pays.











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