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PK 11 : un marché vide, des trottoirs pleins, le paradoxe du commerce à Libreville

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Construit pour mettre fin à l’anarchie commerciale, le marché du PK 11 peine à trouver son public. Faute de clients, les commerçantes installées sur le site dénoncent la concurrence déloyale des vendeurs informels postés aux abords de l’hôpital psychiatrique de Melen et du PK 12, qui continuent de capter l’essentiel de la clientèle.

Depuis son ouverture, le marché du PK 11 devait symboliser la volonté de la mairie de Libreville d’assainir l’espace public et de sécuriser l’activité commerciale. Mais sur place, le constat est amer : les allées sont clairsemées, les étals peu fréquentés et les vendeuses désabusées. « Nous passons parfois deux jours sans qu’un client ne se pointe devant nous. Et les produits se gâtent, faute d’acheteurs », confie une commerçante.

Un marché désert, l’informel prospère

À quelques mètres de là, la réalité est tout autre. Les trottoirs aux abords de l’hôpital psychiatrique de Melen et du rond-point du PK 12 grouillent d’activités. Ces marchés de fortune, établis sans autorisation, continuent de drainer la clientèle, fidèle à ses habitudes d’achat. Résultat : les vendeuses respectueuses des règles se retrouvent abandonnées, tandis que celles opérant dans l’illégalité prospèrent.

Ce paradoxe, loin d’être inédit dans la capitale gabonaise, illustre l’échec des mesures d’assainissement menées ces dernières années. Alors que l’État et les collectivités locales investissent pour aménager des espaces marchands modernes, ces infrastructures restent sous-utilisées, faute de régulation ferme sur l’occupation anarchique de la voie publique.

Les commerçantes appellent à l’action

Face à cette situation, les vendeuses du PK 11 interpellent la mairie. « Si la mairie a construit ce marché, c’est pour que nous y travaillons en sécurité. Mais si les commerçants du trottoir continuent d’exercer, nos efforts sont vains », dénoncent-elles. Au-delà de la concurrence déloyale, elles soulignent également les risques d’insécurité liés à cette occupation informelle des trottoirs.

Pour l’heure, le silence du conseil municipal laisse planer le doute sur une éventuelle action coercitive. Mais à l’approche des élections locales et législatives, la gestion de ces marchés pourrait bien devenir un sujet politique sensible, révélateur du décalage entre les discours d’ordre et les réalités du terrain. Au PK 11, le paradoxe saute aux yeux : un marché flambant neuf déserté, des trottoirs bondés, symbole criant d’un désordre urbain que les autorités peinent encore à endiguer.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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