Pierre de Mbigou : le Gabon franchit une étape historique vers la reconnaissance mondiale d’un patrimoine artisanal

Réuni ce lundi 11 novembre 2025 à Libreville, le Comité national des indications géographiques (CNIG) a validé la reconnaissance officielle de la pierre de Mbigou comme produit à indication géographique (IG). Une décision majeure, saluée par la directrice générale de l’Office gabonais de la propriété industrielle (Ogapi), Marlène Olivia Mbazoghe, qui marque l’avant-dernière étape avant l’adoption d’un décret gouvernemental érigeant cette pierre emblématique en patrimoine national.

Un symbole du savoir-faire gabonais bientôt protégé. La pierre de Mbigou, taillée dans la province de la Ngounié et utilisée depuis des décennies pour la sculpture traditionnelle, s’apprête à rejoindre le cercle restreint des produits africains reconnus par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).

Lors de la réunion du CNIG, en présence de la Coopérative des artisans de Mbigou (COOPAM) et d’experts du secteur, le dossier a été validé pour dépôt auprès de l’OAPI. « Cette étape marque la dernière phase avant l’enregistrement officiel de la pierre de Mbigou », a précisé Marlène Olivia Mbazoghe, rappelant que cette reconnaissance permettra d’« offrir à ce produit une protection légale internationale et d’ouvrir de nouvelles perspectives économiques pour Mbigou, Kango et Lambaréné ».

Une protection pour un produit d’excellence nationale

Au-delà de sa dimension culturelle, la reconnaissance en indication géographique vise à protéger un savoir-faire ancestral et à structurer une filière artisanale à fort potentiel économique. « Il existe désormais un cahier de charges précis, garantissant la traçabilité et la qualité des produits issus de cette pierre », a souligné la directrice générale de l’Ogapi. Le contrôle du respect de ces normes sera assuré par le CNIG, chargé d’éviter toute usurpation du nom “pierre de Mbigou” et de sanctionner les contrevenants.

Selon Armand Ondo Nguema, expert judiciaire et spécialiste en propriété intellectuelle, cette décision s’inscrit dans une logique de souveraineté culturelle et économique . « Le décret d’officialisation visera à ériger la pierre de Mbigou en patrimoine national, un statut nécessaire pour protéger un produit à la réputation internationale », a-t-il précisé. 

Un levier de développement durable pour les zones productrices

Cette reconnaissance, fruit de plus de dix ans de travail conjoint entre l’Ogapi, l’OAPI, l’Union européenne et les artisans locaux, représente une victoire pour les communautés de Mbigou. Elle devrait générer des retombées économiques importantes : création d’emplois, valorisation du tourisme artisanal, lutte contre l’exode rural et stimulation de la production locale. « C’est une fierté nationale et un tremplin pour l’économie locale », a insisté Mme Mbazoghe, pour qui la pierre de Mbigou devient un modèle de réussite du “made in Gabon”.

Vers une valorisation plus large du patrimoine gabonais

Le Gabon rejoint ainsi les rares pays africains – comme le Maroc ou le Cameroun – à disposer de produits protégés à la fois par l’OAPI et par l’Union européenne. Mais la pierre de Mbigou se distingue : elle devient le premier produit artisanal africain à bénéficier d’une telle reconnaissance.

Forte de ce succès, l’Ogapi entend poursuivre son travail de labellisation d’autres produits du terroir à forte valeur ajoutée. « Nous avons commencé par la pierre de Mbigou, mais ce n’est qu’un début », a conclu Marlène Olivia Mbazoghe.

Symbole d’authenticité, d’identité et de développement durable, la pierre de Mbigou s’apprête à rayonner sur la scène internationale comme l’un des joyaux du patrimoine gabonais.