Pétrole : face à l’abus de la sous-traitance, le ministre Nguema Nguema hausse le ton

En visite officielle à Port-Gentil du 3 au 6 août 2025, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a dénoncé avec vigueur le recours massif et abusif à la sous-traitance dans le secteur pétrolier. Une pratique qui fragilise les travailleurs gabonais et entretient une précarisation systémique des emplois dans une industrie pourtant clé pour l’économie nationale.
C’est un cri d’alerte lancé depuis le cœur de la capitale pétrolière du pays. Le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, s’est dit préoccupé par le sort des nombreux employés sous statut de prestataires dans les entreprises pétrolières. À l’issue d’une tournée ponctuée de visites sur les sites d’exploitation, il a dénoncé, lors d’une conférence de presse, « une exploitation inadmissible » des travailleurs gabonais.
« Ce phénomène de la prestation qui aurait pu être une bonne chose s’est transformé en véritable boulet pour la dignité des Gabonais », a déploré le ministre, pointant l’écart de traitement entre les agents permanents et les prestataires, pourtant exposés aux mêmes conditions de travail, aux mêmes risques, et souvent aux mêmes fonctions.
Une loi ignorée, une situation dénoncée
Le cadre légal, pourtant clair sur la question, reste peu appliqué. La loi n°20/PR du 20 août 2007 encadre strictement le recours à la sous-traitance, mais elle est régulièrement contournée. Résultat : des centaines de travailleurs, souvent qualifiés, sont rémunérés à des niveaux indignes. « Si le titulaire touche un million de francs, son remplaçant en prestation gagne 150 ou 200 000 francs CFA pour les mêmes tâches », a illustré Sosthène Nguema Nguema.
Prenant l’exemple tragique de l’accident survenu à Becuna, dans lequel tous les agents décédés étaient des prestataires, le ministre a insisté sur l’urgence d’un changement. « Cet écart des traitements salariaux ne peut plus être accepté. Ça ne colle pas avec la vision du Chef de l’État, qui a promis de restaurer la dignité des Gabonais », a-t-il souligné.
Une responsabilité partagée entre prestataires et donneurs d’ordre
Le ministre a aussi pointé la responsabilité des grandes entreprises du secteur, souvent tentées de se défausser sur leurs prestataires. « On ne veut pas payer la CNSS, on ne veut pas payer de bons salaires, on file tout ça au prestataire qui ne respecte rien. Ce n’est pas une excuse. »
Il a averti que dorénavant, les sanctions viseront autant le prestataire que l’entreprise principale. Une posture ferme destinée à remettre de l’ordre dans un système de sous-traitance devenu toxique pour l’emploi national.
Réformer pour redonner de la dignité aux travailleurs gabonais
Le ministère prévoit ainsi une réforme globale du dispositif de suivi des conditions de travail dans le secteur. Des concertations ont déjà abouti à un procès-verbal soulignant la nécessité urgente de modifier ce système. Le ministre a promis une « politique claire », avec des contrôles renforcés et des sanctions dissuasives contre les entreprises fautives.
Au-delà des annonces, c’est un véritable changement de paradigme que veut impulser Sosthène Nguema Nguema : celui d’un secteur pétrolier plus juste, où le développement économique ne se fera plus au détriment des travailleurs gabonais eux-mêmes. « On ne peut pas accepter que des Gabonais soient instrumentalisés contre d’autres Gabonais pour enrichir une minorité », a-t-il conclu.
Une déclaration forte qui ouvre la voie à une réforme attendue de longue date dans un secteur stratégique, mais socialement fracturé.
GMT TV