Owendo : Sanivit à l’arrêt depuis 60 jours, plus de 200 familles dans l’attente d’un dénouement
Placée en chômage technique depuis deux mois à la suite d’une décision du ministère de l’Environnement, la société Sanivit a suspendu ses activités de collecte des ordures à Owendo, rapporte Gabonreview. En cause, les risques d’incendie à la décharge d’Alénakiri, située à proximité d’installations industrielles sensibles. Si la mesure vise la sécurité, elle plonge plus de 200 familles dans la précarité et relance l’urgence de la régularisation foncière du site d’Igoumié, clé de la relance durable du secteur.
Depuis soixante jours, les agents de la Société d’assainissement d’hygiène et tous travaux (Sanivit) vivent une période d’incertitude sociale et économique. À la suite d’une mise en demeure du ministère de l’Environnement, l’entreprise a été contrainte de suspendre ses opérations de collecte des déchets ménagers dans la commune d’Owendo, entraînant de facto la mise en chômage technique de l’ensemble de son personnel.
Pour les employés, la situation est devenue critique. « Ce sont plus de 200 familles qui sont impactées », alerte Bola Bola Epembia Mayila Aimé, chef d’exploitation de Sanivit, qui en appelle directement aux autorités et au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour un dénouement rapide de la crise.
Une décision dictée par des impératifs de sécurité industrielle
À l’origine de cette suspension, les risques d’incendie récurrents sur la décharge d’Alénakiri. Le site, exploité depuis plus de vingt ans, se trouve à proximité immédiate de la centrale thermique flottante de Karpowership et des pipelines de Perenco, deux infrastructures stratégiques pour l’économie nationale.
Selon la direction de Sanivit, les départs de feu observés ne relèvent pas d’actes criminels mais d’un phénomène naturel. « La fermentation des déchets produit du gaz qui, au contact de l’oxygène, peut s’enflammer spontanément », explique Claude Ngoma Letiec Baranow, directeur général de l’entreprise. Un constat qui met en lumière la vétusté d’un site jamais conçu selon les normes modernes de gestion des déchets.
Si Sanivit réfute toute négligence volontaire, elle reconnaît que la configuration actuelle d’Alénakiri ne permet plus de garantir un niveau de sécurité acceptable, tant pour les travailleurs que pour les installations voisines.
Une crise sociale aux effets immédiats
Au-delà de l’enjeu sécuritaire, l’arrêt des activités a des conséquences sociales lourdes. Privés de revenus, les agents de Sanivit, majoritairement de jeunes Gabonais employés depuis plusieurs années, peinent à faire face aux charges quotidiennes. « Nos employés nous regardent avec inquiétude, nos fournisseurs nous pressent », confie le directeur général.
La mairie d’Owendo a bien convoqué une séance de travail avec l’entreprise, mais à ce stade, aucune solution concrète n’a été annoncée. Dans un contexte de chômage élevé et de tensions sociales latentes, cette situation renforce le sentiment de vulnérabilité des travailleurs du secteur de l’assainissement.
Igoumié, la clé d’une sortie de crise durable
Pour Sanivit, la solution structurelle est identifiée depuis longtemps : la mise en œuvre du projet de traitement moderne des déchets à Igoumié. L’entreprise attend la régularisation foncière d’un terrain de 47 hectares déjà sécurisé, destiné à accueillir un centre de tri, un centre d’enfouissement technique, des ateliers de recyclage, une unité de fabrication de pavés et une usine de transformation des déchets en engrais.
Un projet en gestation depuis 2013. « S’il avait été réalisé à temps, nous n’aurions pas aujourd’hui des déchets qui jonchent nos rues », souligne Claude Ngoma Letiec Baranow. Dans le sillage des orientations présidentielles appelant les collectivités locales à se doter d’infrastructures modernes de gestion des déchets, l’entreprise espère une accélération décisive du dossier.
Entre sécurité, emploi et salubrité publique
Les autorités sont désormais face à un dilemme clair : garantir la sécurité des installations industrielles sensibles tout en préservant l’emploi et la salubrité publique. La relance du projet d’Igoumié apparaît comme l’option la plus cohérente pour sortir de l’impasse actuelle.
En attendant, les plus de 200 familles affectées par l’arrêt de Sanivit espèrent une réponse rapide. Car au-delà de ce cas précis, la crise met en lumière les failles structurelles de la gestion des déchets au Gabon, entre solutions d’urgence et absence prolongée d’investissements durables.









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