Numérique : vers la création d’un village technologique, le « Silicon Valley » gabonais !
La ministre de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME-PMI, Zenaba Chaning Gninga, a reçu, mardi 4 novembre 2025, une délégation de l’entreprise internationale Cloud Control, spécialisée dans la transformation digitale. Au menu des échanges, un projet pharaonique de création d’un village technologique devant compter en son sein une université numérique, une école spécialisée, des incubateurs et des espaces dédiés à l’entrepreneuriat tech.
C’est une annonce qui fait rêver dans le nouveau Gabon en implémentation porté par la vision du Chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema. En effet, le gouvernement a ouvert les discussions avec un géant de la technologie pour la création d’un village technologique au Gabon. Forte de plus de vingt ans d’expérience en Afrique du Nord, Cloud Control a promis à Zenaba Chaning Gninga d’implanter durablement son expertise au Gabon pour booster les startups locales et accélérer la modernisation numérique du pays.
Le Gabon veut sa Silicone Valley !
Si durant les échanges, la ministre de tutelle n’a pas tari d’éloges envers les futurs investisseurs en soulignant que ce projet intègre la stratégie gouvernementale de promotion de l’économie numérique comme levier de croissance et de création d’emplois, il reste que ce « Silicon Valley gabonais » pourrait se heurter à un environnement peu adapté à cette noble ambition. Laquelle vise à transformer le paysage économique. Et ce, avec des milliers de jeunes formés aux métiers du numérique.
À cela devraient s’ajouter des startups florissantes exportant des solutions SaaS made in Gabon, et une dynamique d’innovation attirant investisseurs étrangers. Pour y parvenir, notre pays peut se targuer de jouir de câbles sous-marins SAT-3 et ACE qui lui offrent un taux de pénétration internet mobile dépassant 115 % et des déploiements FTTH en expansion par Moov Africa Gabon Telecom. Un matelas technique sur lequel se reposerait la stratégie de Cloud Control, avec ses solutions cloud et son accompagnement.
Seulement, est-ce suffisant pour catalyser cette mutation, en alignant le pays sur les hubs africains comme Kigali ou Lagos ? Il va sans dire que sans réformes profondes, ce village technologique risque de rejoindre la longue liste des éléphants blancs africains. Des infrastructures flambant neuves abandonnées par manque de viabilité. Le Gabon a déjà connu des ambitions numériques avortées, comme les promesses d’un hub régional sous « Gabon Émergent » qui n’ont pas décollé faute de soutien adéquat aux startups.
La 5eme République condamnée à faire mieux que les émergents !
Pour éviter un beau projet sans efficacité, deux piliers sont indispensables à savoir des incitations fiscales audacieuses et un environnement numérique optimal. Le Gabon sous le leadership de Brice Clotaire Oligui Nguema semble déjà accorder des exonérations massives. Des données récentes font état de jusqu’à 46 % des recettes douanières renoncées pour stimuler les investissements. Mais elles restent discrétionnaires et concentrées sur des secteurs comme le bois. Pour le numérique, il faut un « Start-up Act » à la gabonaise.
Cela passe par une TVA réduite à 5 % sur les services cloud, crédit d’impôt pour la R&D, exonération d’IS pendant cinq ans pour les jeunes pousses tech, et un fonds national d’innovation public-privé. Sans cela, les entrepreneurs fuiront vers des cieux plus cléments. Ensuite, l’environnement numérique doit être irréprochable. Malgré des progrès, notamment une fibre optique déployée sur 1 124 km via le Backbone national, la couverture reste inégale. C’est le cas des zones rurales sous-équipées, coûts élevés en province, et saturations récurrentes.










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