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Ntchengué : quand le silence du Conseil départemental de Bendjé alimente un conflit foncier

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À Ntchengué, dans le canton Océan (département de Bendjé), un litige foncier oppose depuis plusieurs années des héritiers à un couple qui s’est installé devant une propriété familiale pourtant régulièrement constituée. Malgré plusieurs arrêts de travaux émis par le Cadastre, des bornes ont été posées sur ce domaine public, au mépris du schéma directeur d’aménagement urbain adopté en 2018. Le mutisme du Conseil départemental de Bendjé interroge et alimente la colère.

Un terrain hérité devenu source de tensions. Situé en face du stade Michel Essongue, le terrain en question appartient à une famille locale, héritage laissé par leur grand-père avant son décès. Chaque année, les ayants droit y reviennent pour l’entretenir et le maintenir en état d’habitation. Mais depuis quelques années, ils se heurtent à un obstacle inattendu : l’installation d’un couple ayant déposé un conteneur, puis entamé des travaux de construction durables.

Alertés, les services départementaux avaient dans un premier temps justifié cette occupation en parlant d’un « usage temporaire du domaine public », censé cesser dès que les propriétaires légitimes voudraient s’installer. Mais deux ans plus tard, la situation a dégénéré : des travaux ont été engagés et, pire, des bornes ont été posées par le Cadastre sur un domaine public censé rester inaliénable.

Des « arrêts de travaux » ignorés

La famille produit des preuves écrites. À plusieurs reprises – en février, avril et juin 2025 –, des agents du Cadastre ont mentionné noir sur blanc l’« arrêt des travaux » sur le site. Pourtant, malgré ces interdictions formelles, la même administration a fini par procéder à un bornage, ouvrant ainsi la voie à une appropriation illégale.

« Impossible de créer une parcelle à cet endroit si l’on s’en réfère au schéma directeur d’aménagement urbain entériné en 2018 », rappelle un proche du dossier. L’incohérence est flagrante : comment expliquer que des services censés protéger le domaine public cautionnent sa transformation en propriété privée ?

Le mutisme coupable du Conseil départemental

Face à ces irrégularités, la famille a interpellé à plusieurs reprises le Conseil départemental de Bendjé. Mais jusqu’à présent, silence radio. Ni réaction, ni arbitrage, ni rappel à l’ordre. Ce mutisme des autorités locales apparaît comme une forme de caution implicite à des pratiques qui fragilisent la sécurité foncière des citoyens.

Pour les héritiers, les conséquences sont lourdes : accès bloqué à leur maison, voie d’entrée obstruée et impossibilité de jouir paisiblement de leur bien. Une situation qui traduit une fois de plus l’opacité et les dérives dans la gestion du foncier au Gabon.

Quand l’État de droit vacille

Au-delà de ce cas, c’est toute la crédibilité de l’administration foncière qui est en jeu. Comment parler de respect des lois si des arrêts de travaux officiels peuvent être ignorés au profit d’intérêts particuliers ? Comment exiger des citoyens qu’ils respectent les règles quand les services publics eux-mêmes les contournent ?

À Ntchengué, les héritiers appellent désormais à une réaction ferme du ministère de l’Habitat et du gouvernement central, afin que cesse ce qui s’apparente à une spoliation organisée sous couvert de mutisme institutionnel.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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