A La UneDerniers articlesPOLITIQUE

Noël Bertrand Boundzanga : « Le PDG d’hier s’appelle aujourd’hui PDG-CTRI »

Ecouter l'article

L’annonce de la candidature du Pr. Noël Bertrand Boundzanga à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 marque une étape décisive dans le débat politique gabonais. Son discours, incisif et sans concession, dénonce une transition qu’il qualifie de « trahison », accusant les forces en place de perpétuer les méthodes du régime Bongo-PDG sous un nouveau masque : le PDG-CTRI.

Loin d’un simple discours de campagne, Noël Bertrand Boundzanga pose un constat sans appel : la promesse du 30 août 2023 – celle d’une transition démocratique menant à des élections libres et transparentes – aurait été trahie. À la place d’une refondation de l’État, il constate la perpétuation des pratiques du passé, avec un système verrouillé où le pouvoir semble toujours entre les mains des mêmes cercles d’influence.

Il met en garde contre une confiscation du pouvoir et une dérive autocratique, pointant du doigt l’extension de l’appareil militaire dans le champ politique. « Aujourd’hui, les militaires veulent devenir des politiciens, des députés, des sénateurs. Qu’est-ce qui nous attend demain ? Chaque général aura-t-il son propre parti politique ? », un questionnement qui sonne comme un avertissement fort, qui évoque le spectre d’un pouvoir militaire pérennisé sous couvert d’élections démocratiques.

Un pays paralysé par l’incompétence et l’exclusion

Dans son discours, Boundzanga dresse un bilan accablant de la gestion du CTRI, dénonçant l’absence de restauration des institutions et le chaos administratif. « Rien n’a été restauré ! L’Assemblée nationale ? Inexistante. Le Sénat ? Absent. La Cour constitutionnelle ? Fantôme. La CNAMGS ? Défaillante. La justice ? Par terre », a-t-il constaté. Loin des ambitions affichées, la transition aurait en réalité empiré la situation socio-économique du pays, avec des grèves massives, une économie en panne et une administration paralysée.

Sur le plan politique, il accuse le CTRI d’avoir adopté une logique d’exclusion, écartant toute voix discordante au profit d’une élite complice de la confiscation du pouvoir. « Lorsqu’il fait de l’inclusion, c’est pour son propre intérêt. (…) Aujourd’hui, les mêmes acteurs, une fois manipulés, aident les militaires à rester en place au lieu de restaurer les institutions », a-t-il poursuivi.

Une présidentielle aux allures de coup d’État électoral ?

L’un des points les plus marquants du discours de Boundzanga est son rejet des appels à la candidature du président de la Transition, qu’il perçoit comme une imposture destinée à légitimer un coup d’État électoral.

« Ces appels sont du même ordre que ceux qui demandaient à soutenir Ali Bongo, même lorsqu’il était inapte à gouverner. C’est une trahison du peuple gabonais ! », a-t-il martelé. Pour lui, la présidentielle ne doit pas servir à valider le coup d’État du 30 août 2023, mais à ouvrir une véritable ère de changement. Il invite les Gabonais à refuser la fatalité, en usant de leur droit de vote pour rompre avec le cycle des impostures politiques.

Un appel à la résilience et à l’unité nationale

Dans un discours teinté de références culturelles et spirituelles, Noël Bertrand Boundzanga se positionne comme le candidat du peuple, opposé aux élites prédatrices qu’il accuse de diviser le pays pour mieux le contrôler.Il appelle à l’unité nationale, rejetant le tribalisme et les manipulations identitaires qui, selon lui, servent uniquement les intérêts du pouvoir en place.

« Nous sommes Gabonais avant d’être Fang, Myènè, Téké ou Punu. Nous devons nous lever et défendre ensemble notre avenir », a-t-il exprimé.En conclusion, son message est clair et tranchant : « Le PDG d’hier n’a pas disparu, il s’appelle aujourd’hui PDG-CTRI ». Il met les électeurs face à un choix historique, entre perpétuer un système vicié ou oser un véritable changement. La bataille pour l’alternance semble donc bel et bien engagée. Reste à savoir si le peuple gabonais suivra son appel ou se laissera une nouvelle fois enfermer dans les illusions du pouvoir en place.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page