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Nîmes : La Cour d’appel décidera le 13 novembre du sort du masque Fang !

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Le 13 novembre prochain, la Cour d’appel de Nîmes rendra son verdict sur la vente controversée d’un masque Fang du XIXe siècle. Acquis pour une bouchée de pain à savoir 150 euros par un brocanteur, cet artefact africain a été revendu quelques semaines plus tard pour l’impressionnante somme de 4,2 millions d’euros lors d’enchères à Montpellier. Une plus-value astronomique qui soulève des questions d’éthique, de légalité et de patrimoine culturel.

Tout commence dans une maison familiale située au Viaan, une petite commune du sud de la France. Propriété d’un couple de retraités originaires de Chartres, la demeure a été héritée du grand-père du mari, un ancien gouverneur colonial au Gabon. Au fil des ans, elle s’est remplie d’objets hétéroclites rapportés d’Afrique : meubles, bibelots et œuvres d’art. Désireux de faire place nette, les retraités décident de se séparer de ces reliques. Ils font appel à l’unique antiquaire du village pour estimer et racheter une partie du lot.

Un patrimoine culturel en perdition !

L’antiquaire, d’abord modeste dans ses propositions, effectue une première visite et propose de petites transactions pour quelques pièces mineures. Le lendemain, il revient avec une offre plus conséquente. Son œil s’arrête sur trois miroirs anciens, un cadre ouvragé et, surtout, un masque africain en bois sculpté, identifié plus tard comme un masque Fang authentique du XIXe siècle. Le professionnel emporte l’ensemble pour la somme dérisoire de 250 euros, dont 150 euros uniquement pour le masque. Convaincus d’avoir affaire à un expert, les retraités acceptent sans soupçonner la valeur réelle de l’objet.

Mais le choc est brutal lorsque, quelques semaines plus tard, ils apprennent la revente du masque aux enchères publiques à Montpellier. Adjugé pour 4,2 millions d’euros équivalent à près de 2,6 milliards de francs anciens, l’artefact attire collectionneurs et musées du monde entier. Le masque Fang, issu des traditions rituelles des peuples du Gabon, du Cameroun et de Guinée équatoriale, est une pièce rare, symbolisant les esprits ancestraux et utilisée dans les cérémonies initiatiques. Se sentant floués et abusés par ce qui ressemble à une expertise biaisée, le couple de retraités porte plainte pour escroquerie et abus de confiance. 

Le tribunal doit trancher !

Ces derniers estiment que l’antiquaire, en sa qualité de professionnel, avait l’obligation de les informer de la valeur potentielle de l’objet. L’affaire passe en première instance, où la justice doit trancher sur la validité de la vente initiale et une éventuelle annulation. À l’approche de l’audience en appel, les enjeux sont multiples. D’un côté, les plaignants réclament la restitution du masque ou une compensation financière proportionnelle à sa valeur réelle. De l’autre, l’antiquaire et l’acheteur aux enchères défendent la légalité de la transaction, arguant d’une vente en toute connaissance de cause et d’un marché libre. 

Des experts en art africain ont été sollicités pour authentifier la pièce et évaluer si l’antiquaire pouvait ignorer sa rareté. Cette saga met en lumière les pièges du marché des antiquités, où des trésors oubliés dans les greniers peuvent valoir des fortunes. Elle interroge aussi sur la provenance coloniale de tels objets et les débats actuels sur la restitution du patrimoine africain. Le 13 novembre, la Cour d’appel de Nîmes pourrait créer un précédent : annulation de la vente et redistribution des millions, ou confirmation d’une affaire rondement menée ? Les regards sont tournés vers le tribunal gardois.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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