Niger : Mohamed Bazoum emporté par « un mouvement d’humeur » de la garde présidentielle
Après une journée du 26 juillet incertaine, les éléments de la garde présidentielle, appuyée par des gendarmes et certains membres des forces spéciales, ont pris la parole tard dans la nuit du 26 au 27 juillet à la télévision nationale, annonçant la destitution du président Mohamed Bazoum. Un véritable coup dur, ce dernier étant considéré comme le dernier allié de l’occident dans la région du Sahel.
Le Niger est-il en train de retomber dans la spirale des coups d’Etat militaires ? C’est en tout cas ce qui semble avoir été acté cette nuit à Niamey après l’annonce faite par un groupe de hauts gradés, mené par le colonel-major Amadou Abdramane. Dans leur communiqué, les militaires annoncent avoir mis un terme au pouvoir du président Mohamed Bazoum, démocratiquement élu en avril 2021.
Mohamed Bazoum retenu, situation incertaine à Niamey,
Dans la journée du 26 juillet, des militaires de la garde présidentielle ont bloqué tôt le matin les accès à la présidence de la République. Il était alors question d’un « mouvement d’humeur » de certains éléments. Cette situation a conduit le chef de l’Etat, Mohamed Bazoum à négocier lui-même avec les militaires.
Alors que la situation semblait rentrer dans l’ordre, la présidence annonce sur les réseaux sociaux que des éléments de la garde présidentielle (GP) ont engagé un mouvement d’humeur anti-républicain et tenté en vain de rallier à leur cause l’armée et la garde nationale. Dans ce même message, la présidence annonce que « L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments ».
Des déclarations qui ont davantage semé la confusion dans le pays, d’autant plus que dans la foulée, des informations faisaient état d’une retenue du chef de l’État Mohamed Bazoum par les mutins. Dans l’après-midi, plusieurs Nigériens ont tenté de se rassembler autour du palais présidentiel afin de s’opposer au coup d’État en cours. Les militaires ont alors fait des tirs de sommation afin de disperser la foule.
La création d’un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie
Après d’âpres négociations, les mutins se sont présentés devant les écrans de la télévision nationale aux alentours de 23h heure locale. Le colonel-major Amadou Abdramane porte-parole des mutins a déclaré « Nous, forces de défense et de sécurité, réunis au sein du CNSP, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez. Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance, économique et sociale », avant d’annoncer la fermeture des frontières, l’instauration d’un couvre-feu, la suspension des institutions, entre autres.
Malgré ces annonces censées acter le coup de force, les autorités légitimes du Niger ont continué de communiquer via les réseaux sociaux. En effet, le ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, tout en se déclarant premier ministre par intérim, confiait chez nos confrères de France 24 que « ce n’est pas toute l’armée qui est derrière ce coup et le commandement en chef ne s’est pas exprimé ».
Le chef de l’État, toujours retenu par les mutins, s’est, lui aussi, exprimé ce matin dans un tweet publié à 05 heures et dans lequel il déclare « Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront ». Pour rappel, le Niger qui est à son cinquième coup d’État réussi depuis son indépendance, a fait face à deux autres tentatives manquées en 2021 et en 2022. Une situation qui avait conduit le chef de l’État à réorganiser sa sécurité.