Ngomo et Izolwè : 95 ans de consécration pastorale et inauguration du Musée du protestantisme

À Ngomo et Izolwè, sur les rives de l’Ogooué, le Gabon a célébré, le 24 août 2025, un double événement historique : le 95ᵉ anniversaire de la consécration des trois premiers pasteurs de l’Église évangélique du Gabon, et l’inauguration du Musée du protestantisme gabonais. Une commémoration qui mêle mémoire spirituelle et valorisation culturelle.
Trois pionniers de la foi mis à l’honneur. Le 24 août 1930, à Ngomo, trois figures spirituelles entraient dans l’histoire : Ogoula Mbéyé, Henri Ndjavé-Ndjoy et Félix Ombagho. Leur consécration marquait l’acte fondateur d’une Église gabonaise autonome, encore façonnée par l’influence des missions américaines et françaises. Quatre-vingt-quinze ans plus tard, la paroisse de Ngomo a vibré des mêmes cloches, cette fois pour célébrer ce moment inaugural.

La cérémonie a débuté par un culte d’action de grâce, avant que le Pr Guy Rossatanga-Rignault, arrière-petit-fils du Révérend Ndjavé, ne livre une fresque saisissante sur la vie et l’œuvre de ces pionniers. « Je suis, par mon grand-père Marc Rossatanga-Ndjavé, l’arrière-petit-fils du Pasteur Ndjavé. C’est dire si ce pan d’histoire coule dans mes veines », a-t-il confié avec émotion.
Héritage spirituel et mémoire vivante
Le Pr Rossatanga a rappelé le rôle majeur d’Ogoula Mbéyé, premier Gabonais à écrire l’histoire de son peuple à travers l’Elombè zi Ghalwa, ainsi que le parcours de Félix Ombagho, marqué par des allers-retours entre l’Afrique et l’Europe avant de se consacrer à l’évangélisation du Woleu-Ntem. Mais c’est au Révérend Henri Ndjavé-Ndjoy (1883-1962) qu’il a consacré ses pages les plus vibrantes, saluant un homme « simple mais visionnaire, capable d’ancrer la foi dans la terre même qu’il cultivait ».
Instituteur, pasteur de Ngomo de 1930 à 1955, fondateur d’Izolwè, Ndjavé incarna une génération de bâtisseurs spirituels. Décoré de la Légion d’honneur et de l’Étoile équatoriale, il demeura, selon Rossatanga, « un serviteur humble au service de l’Évangile et de son peuple ».
Un musée pour transmettre
Le second temps fort fut l’inauguration du Musée du protestantisme gabonais, installé dans un ndèkè reconstruit, maison traditionnelle sur pilotis des rives de l’Ogooué. À travers cinquante tableaux et pièces d’archives, ce lieu retrace l’histoire du protestantisme, de l’arrivée des missionnaires américains en 1842 à l’autonomie de l’Église gabonaise en 1961.
« C’est un sanctuaire de mémoire. Ici, nos ancêtres ne sont pas figés dans le passé, ils continuent de parler aux générations présentes et futures », a souligné le Pr Rossatanga-Rignault.
Mémoire et transmission
La journée s’est achevée par un repas fraternel, mais les mots du professeur sont restés suspendus dans l’air d’Izolwè. « Ogoula, Ombagho, Ndjavé : trois vies, trois destins, une même fidélité à l’Évangile et au peuple gabonais », a-t-il résumé. Un rappel que l’identité religieuse et culturelle du Gabon s’écrit non seulement dans les livres, mais aussi dans la mémoire des villages et les choix de vie des pionniers.
GMT TV