Ndong Sima : « continuer ce processus, c’est disqualifier les victimes et confirmer les fraudeurs »

Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre et président de l’Alliance patriotique (AP) a animé un point de presse le 3 octobre au siège du parti sis à Nzeng-Ayong, dans le sixième arrondissement de Libreville. Il avait annoncé ce moment depuis le début de la semaine, indiquant qu’il répondrait de manière ordonnée aux accusations du vice-président de la République, Séraphin Moundounga, l’accusant d’incitation à la haine et de tribalisme, après qu’il ait appelé à annuler le scrutin législatif et local du 27 septembre.
Au cours de cette rencontre, Raymond Ndong Sima a tenu à rappeler le sens de son appel. Selon lui, il ne s’agit pas d’une posture d’opposition, mais d’une exigence de vérité et de cohérence. « Ma publication est un appel républicain à concéder l’essentiel et ce que le pays tout entier a voulu faire au cours des deux dernières années : prendre son destin en main, affronter ses erreurs et les corriger », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que sa démarche vise à protéger le bien commun, « le vivre-ensemble et la paix qui supposent respect mutuel et honnêteté ». Pour lui, reconnaître seulement une partie de la fraude revient à « disqualifier les victimes et confirmer les fraudeurs dans leurs acquis ».
« La fraude électorale, inacceptable hier, le serait-elle aujourd’hui ? »
Défendant sa position, Ndong Sima a rappelé le précédent de 2023, lorsque le scrutin présidentiel avait été annulé dans son ensemble. « En 2023, nous n’avons pas annulé une partie du scrutin, mais son entièreté pour le reprendre en avril 2025. Et nous avons eu une bonne élection présidentielle sans palabres », a-t-il souligné. D’où sa question rhétorique : « La fraude électorale, inacceptable hier, le serait-elle devenue aujourd’hui ? Ma réponse est Non ! ». Selon lui, cette prise de position ne traduit pas une logique de confrontation, mais bien « une loyauté envers les principes et valeurs au nom desquels hier nous avons battu le pavé, parcouru le pays pour aider les uns et les autres à œuvrer pour le changement ».
L’ancien Premier ministre a mis en garde contre les conséquences d’un processus électoral « sorti de route » et qui risque de fragiliser encore davantage la confiance entre les citoyens et leurs institutions. « Continuer ce processus, c’est donner une prime à la fraude », a-t-il insisté, exhortant le président de la République à prendre des mesures fortes. « Il sortirait grandi de cette situation non seulement en annulant cette élection, mais surtout en diligentant des enquêtes pour identifier et punir ceux qui, finalement, se sont constitués en association de malfaiteurs », a-t-il conclu, appelant à une décision politique courageuse pour éviter « de nouveau tirer le pays vers l’abîme ».
GMT TV