Ndo’man : « Acclamer Tukinkin et huer M.O.R te montre à quelle génération nous avons affaire »

L’artiste gabonais Ndo’man, connu pour ses chansons aux accents d’éloge et de réflexion, a récemment réagi sur ses réseaux sociaux à l’attitude du public lors d’un concert organisé à Libreville. Alors que plusieurs acteurs et artistes culturels prenaient part à l’événement, le public a réservé une ovation à l’humoriste Tukinkin, tout en huant la prestation de l’artiste M.O.R. Une réaction qui a profondément attristé Ndo’man, lequel y voit le signe d’une génération plus tournée vers le divertissement superficiel que vers l’appréciation des véritables talents musicaux.
« Je n’ai rien contre la personne mais acclamer Tukinkin et huer M.O.R te montre à quelle type de génération on a affaire actuellement », a-t-il écrit. Pour le chanteur, cette scène illustre une tendance inquiétante, un public qui semble privilégier l’instantané et l’humour, au détriment de la musique porteuse de messages. « Mettre de côté du sens pour embrasser l’insensé ? », s’est-il interrogé, dénonçant un phénomène qui appauvrit la culture musicale gabonaise. Dans son analyse, Ndo’man constate que les jeunes générations s’attachent davantage à des contenus légers, alors que certains artistes travaillent à proposer des œuvres constructives, alliant l’utile à l’agréable. Cette dynamique risque, selon lui, de réduire l’impact éducatif et culturel de la musique, qui reste pourtant un levier de sensibilisation et de transmission de valeurs.
Une génération attirée par le superficiel
« Beaucoup n’ont pas grand-chose dans le ciboulot », a ajouté Ndo’man, qui a regretté que certains fans préfèrent acclamer des humoristes ou des figures de la comédie plutôt que des musiciens engagés. L’artiste y voit une perte de repères et un affaiblissement du goût musical, dans une société où les choix artistiques devraient participer à l’éveil intellectuel et à l’éducation des jeunes. Derrière sa sortie, se cache une critique plus large d’une génération qui tend à confondre divertissement et art, au risque de dévaloriser le travail des musiciens.
Face à cette situation, l’artiste appelle ses pairs à s’unir pour défendre la qualité des productions locales. Selon Ndo’man, les artistes et acteurs culturels doivent harmoniser leurs efforts afin de proposer du contenu à la fois divertissant et éducatif. « Une chanson peut aussi bien éduquer que détruire », rappelle-t-il, soulignant la responsabilité collective de ceux qui animent la scène culturelle gabonaise. Il estime qu’il n’est pas encore trop tard pour rectifier le tir et offrir aux jeunes un contenu capable de les élever plutôt que de les distraire superficiellement. Après tout, conclut-il, la culture doit rester un vecteur d’unité et d’éveil, non un simple instrument d’amusement passager.
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