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CEMAC : le Gabon mauvais élève en matière de gestion de la dette derrière le Congo

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Le dernier rapport de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), publié en 2025, révèle que le Gabon figure parmi les pays les plus endettés de la CEMAC, derrière le Congo. Alors que la dette publique régionale recule en moyenne à 47,4% du PIB en 2024, contre 51,3% l’année précédente, Libreville affiche une trajectoire inverse, avec un bond de son endettement à 62% du PIB, un chiffre qui fait débat puisque la Banque mondiale situe le niveau d’endettement du pays à 72% du PIB en 2024. Cette dégradation rompt avec la relative stabilité observée en 2022 et 2023, où la dette se maintenait à 52 %, et fait du Gabon l’un des mauvais élèves de la zone.

Le Cameroun, locomotive économique de la sous-région, parvient à réduire son ratio à environ 40% en 2024, contre 50% un an plus tôt. La Guinée équatoriale limite également sa dette autour de 34%, tout comme le Tchad, qui retombe à 30%, son niveau le plus bas depuis cinq ans. Seuls deux pays inquiètent : la République centrafricaine, dont la dette grimpe brutalement à 52%, bien que demeurant dans les clous communautaires (70%), et surtout le Congo, qui reste le plus exposé avec un endettement équivalent à 84 % du PIB.

Le poids croissant du fardeau gabonais

Pour le Gabon, cette hausse de la dette est particulièrement préoccupante car elle s’accompagne d’une charge de remboursement de plus en plus lourde. Le service de la dette pèse désormais davantage sur les recettes budgétaires, réduisant les marges de manœuvre de l’État pour financer les politiques sociales et les investissements. Contrairement au Cameroun ou au Tchad, qui bénéficient d’une amélioration de leurs équilibres grâce à une meilleure discipline budgétaire, Libreville peine à amorcer une trajectoire de discipline.

Cette évolution met en évidence une double fragilité, la vulnérabilité du pays aux fluctuations des revenus pétroliers et la difficulté à diversifier ses sources de recettes. À long terme, il y a un risque réel de voir la soutenabilité de la dette compromise si aucune réforme structurelle n’est engagée. Dans un contexte régional où certains pays montrent qu’un redressement est possible, le Gabon apparaît ainsi isolé, en compagnie du Congo, dans la catégorie des États les plus exposés aux déséquilibres financiers.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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