Me Nkea : « Le Président peut créer mais pas adhérer à un parti politique »

Lors d’une interview exclusive accordée à Gabon Media Time (GMT) ce samedi 14 mai 2025, Me Francis Nkea Ndzigue, avocat au Barreau du Gabon a apporté un éclairage juridique sur la question qui divise l’opinion publique : Le Président de la République peut-il adhérer à un parti politique ? Pour l’enseignant agrégatif, le droit met en lumière une distinction fondamentale entre création et adhésion.
À l’heure où les avis divergent sur l’appréciation de l’article 82 alinéa 3 du Code électoral nouveau, Me Francis Nkea Ndzigue suggère d’aborder les implications de cette disposition. Selon l’avocat au Barreau du Gabon, rien n’interdit au Président de la République de créer un parti politique. Dans sa démonstration, il s’appuie sur le principe constitutionnel de la liberté d’association, consacré dans la plupart des démocraties modernes, y compris au Gabon.
De la nécessité de créer la dichotomie entre adhésion et création !
La clé de solution de ce casse-tête juridique reposerait, selon l’universitaire, sur la sémantique. « Un parti politique, avant d’être reconnu comme tel, est d’abord une association. La liberté d’association permet donc au Président de créer une telle structure », a-t-il expliqué. Cette position repose sur l’idée qu’aucune disposition légale n’empêche explicitement le chef de l’État d’initier une organisation politique, même en cours de mandat.
En revanche, l’adhésion à un parti politique légalement reconnu est strictement prohibée par l’article 82 alinéa 3 du Code électoral. Cet article adopté dans le cadre de la lutte contre la transhumance politique interdit au Président d’adhérer à un parti existant pendant la durée de son mandat. « Créer un parti n’est pas constitutif de transhumance. C’est l’adhésion à un parti déjà constitué qui pose problème », a précisé Me Nkea Ndzigue. Soulignant d’ailleurs que la transhumance implique un changement d’allégeance.
Un pare-feu opportun dans un régime ultra présidentialiste dénoncé
Doit-on rappeler que la transhumance politique est une pratique consistant pour un acteur politique à changer d’affiliation partisane pour des raisons opportunistes. Ce qui n’est pas le cas quand le Président indépendant décide de créer une formation nouvelle. Cette analyse intervient dans un contexte politique gabonais marqué par des débats sur la neutralité du chef de l’État et son rôle dans l’arène politique. La distinction entre création et adhésion pourrait avoir des implications significatives, notamment dans la perspective des prochaines échéances électorales.
Une chose est d’ores et déjà sûre, la sortie médiatique de Me Francis Nkea Ndzigue est une invite à une lecture rigoureuse des textes pour éviter toute confusion juridique. Afin que nul ne fasse l’amalgame de son éclairage, l’avocat au Barreau du Gabon a réitéré en des termes simples que « le Président peut légalement fonder un parti politique mais son adhésion à une formation existante reste proscrite ». Cette clarification de Me Nkea Ndzigue contribue à enrichir le débat sur les limites et les prérogatives du pouvoir présidentiel au Gabon.
GMT TV