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Mbigou : deux ponts vétustes et une route nationale à l’abandon 

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À Mbigou, chef-lieu du département de la Boumi-Louetsi, le désarroi grandit. Sur l’axe reliant Ledoume à Malinga, en passant par Boumegha et Mounguembe, la route nationale est laissée à l’abandon depuis près d’une décennie. Les deux ponts de fortune érigés sur la rivière Boumi ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, transformant chaque traversée en un pari risqué, parfois mortel.

Des ponts devenus des pièges mortels

Envahis par les herbes, soutenus par des piliers fissurés et recouverts de lamelles de bois desséchés et instables, les deux ouvrages n’assurent plus leur rôle vital de liaison. Le danger est permanent. Cette année encore, un drame est venu rappeler la gravité de la situation : un jeune homme est tombé dans la rivière alors qu’il était accompagné de sa petite amie. « Ces ponts ne tiennent plus, mais nous n’avons pas d’autre choix que de les emprunter », déplore un riverain.

Une solution dérisoire face à une urgence nationale

Face à ce risque permanent, les autorités locales n’ont trouvé comme seule réponse que de demander aux gendarmes de fermer la voie. Une décision jugée « absurde » par les habitants, notamment les femmes qui cultivent leurs champs situés du côté de l’aérodrome. « Nous ne pouvons pas passer par le centre-ville pour travailler nos terres. Fermer le passage, ce n’est pas une solution, c’est une condamnation », s’indigne une agricultrice.

Un passant circulant sur une piste enhahie d’herbe entre Boumegha et Mounguembe © GMT

Dix ans d’abandon et de désespoir

Voilà près de dix ans que la route est hors d’usage à cause de l’état de vétusté des ponts. Un axe pourtant stratégique, puisqu’il fait partie intégrante de la route nationale, essentielle aux échanges et à la mobilité des habitants de la Boumi-Louetsi. Aujourd’hui, les populations sont contraintes d’emprunter des détours pénibles par la commune, accentuant leur isolement et leur désarroi.

Une fracture territoriale criante

Au-delà d’un simple problème d’infrastructure, cette situation illustre la fracture territoriale qui mine le pays. Mbigou, chef-lieu oublié, se retrouve privé de l’essentiel, tandis que les milliards se diluent ailleurs dans des projets clinquants mais sans urgence vitale. La jeunesse qui meurt sur ces ponts et les femmes qui peinent à accéder à leurs champs sont les témoins silencieux d’un État absent. La question reste entière : combien de temps encore les habitants de la Boumi-Louetsi devront-ils payer de leur dignité l’indifférence des pouvoirs publics ?

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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