Mathurin Ovono Ebe: «Le Gabon est un Impays»
La Cour Constitutionnelle annule un arrêté et le Gouvernement en prend un autre dans la foulée. C’est l’une des caractéristiques de ce que je qualifie d’impays. En effet, les derniers développements de l’actualité sociopolitique font du Gabon un impays. J’appelle impays, tout pays donnant l’impression d’en être un, avec des lois établies, mais que les gouvernants ne respectent pas. Du moins, quand ces lois sont respectées, elles ne le sont qu’à géométrie variable.
Il est clairement indiqué que les décisions de la Cour Constitutionnelle sont irrévocables. Et pourtant, depuis quelques temps, elle est royalement ignorée par le Gouvernement. Je vous souviendrai que la Cour Constitutionnelle avait demandé l’annulation des mesures d’austérité prises par le Gouvernement il y a trois ans parce que celles-ci étaient anticonstitutionnelles. Le Gouvernement est passé outre. Le 23 décembre 2021, la Cour Constitutionnelle annula l’arrêté 0559 et le Gouvernement prit l’arrêté 685 qui annulait l’annulation prononcée par la Cour. Mais dans d’autres circonstances, le Gouvernement aurait brandi le caractère irrévocable la décision de la Cour Constitutionnelle, suivez mon regard.
Un proverbe fang dit : “Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de chiens qu’on fera porter des grelots aux chats pour aller à la chasse.” Comment un conseiller en communication d’un ministre va-t-il se muer en porte parole du gouvernement pour donner lecture d’une communication gouvernementale ? Faire porter des grelots aux chats pour aller à la chasse en lieu et place des chiens est une caractéristique d’un impays. C’est cela un impays.
Prendre un arrêté un 24 décembre et le publier le même 24 décembre au Journal Officiel est une vélocité administrative circonstancielle digne d’un impays.
Hier, la Cour Constitutionnelle a suspendu l’arrêté 685, que fera le Gouvernement aujourd’hui ?
Une autre caractéristique et certainement la plus importante est que le peuple assiste à ce match de tennis en spectateur, même si quelques “importuns impertinents”, je veux dire la société civile, perturbent ce match de temps en temps.
Mathurin OVONO ÉBÈ
Président du SNEC-UOB