Marchés financiers : une notation de Bloomberg qui oublie la nuance
Alors que l’agence américaine Bloomberg classe le Gabon parmi les emprunteurs « hautement spéculatifs », cette dernière est appelée à une lecture plus équilibrée de la trajectoire économique nationale. Pour des Gabonais avertis, cette analyse de Bloomberg repose sur une grille d’interprétation globalisée sur le continent africain qui ne tient pas compte des réformes engagées par les autorités gabonaises et du contexte spécifique de la Transition politique entamée fin août 2023 qui tire vers sa fin.
Selon Bloomberg, le Gabon figurerait désormais parmi les économies africaines les plus vulnérables, avec un spread dépassant les 1 000 points de base. Ce chiffre, interprété comme un signal de défiance des investisseurs, suffirait à classer le pays dans la catégorie des risques extrêmes. Mais cette lecture, fondée sur des indicateurs purement financiers, omet les dynamiques internes et les efforts structurels engagés depuis le début de la Transition.
D’abord, sur le plan politique, le Gabon n’est plus dans l’incertitude. Le processus de Transition est en voie d’achèvement, avec un chronogramme précis communiqué par le gouvernement et devant s’achever avec l’installation de la nouvelle Cour constitutionnelle fin décembre prochain. La stabilité institutionnelle est donc en cours de consolidation, non de délitement.
Des fondamentaux économiques plus solides qu’annoncés
Bloomberg évoque également une « fragilité économique » et une dette publique jugée « préoccupante ». Or, les faits contredisent cette dramatisation. Selon les données officielles, le Gabon continue d’honorer l’intégralité de ses engagements extérieurs : plus de 1 400 milliards de FCFA de remboursements de dette ont déjà été effectués à ce jour, selon des sources proches du ministère de l’Économie.
Cette performance, dans un contexte mondial tendu, démontre la crédibilité financière de l’État gabonais. Le pays n’a enregistré aucun défaut de paiement, contrairement à certains autres États africains. Il poursuit, au contraire, une politique de désendettement ciblé et de maîtrise budgétaire, adossée à un contrôle plus strict des dépenses publiques et à la relance du recouvrement fiscal.
Des partenaires internationaux engagés sur le terrain
L’agence américaine semble également ignorer la présence constante des institutions financières multilatérales au Gabon. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds monétaire international (FMI) sont activement impliqués dans les réformes en cours, en appui technique et en suivi rapproché.
Contrairement à ce que laisse entendre Bloomberg, le gouvernement n’a pas opté pour un programme d’ajustement mais pour une assistance technique ciblée du FMI, centrée sur la transparence budgétaire, la modernisation des régies financières et la soutenabilité de la dette. Autrement dit : le Gabon n’est pas sous perfusion, mais désire un accompagnement structurant.
En mettant sur le même plan le Gabon, le Sénégal ou le Mozambique, Bloomberg commet une erreur d’analyse fondamentale. Chaque pays africain a ses spécificités économiques, budgétaires et institutionnelles. Le Gabon, par exemple, dispose de ressources naturelles majeures, d’un potentiel industriel croissant et d’un plan de diversification engagé (bois, manganèse, agro-industrie, énergie). Réduire cette trajectoire à un simple indicateur de marché, c’est nier la réalité d’une économie en transformation.









GMT TV