Mairie de Port-Gentil : la victoire de Houangni Ambourouet menacée d’annulation
À Port-Gentil, l’élection municipale du 9 novembre prend une tournure explosive. Le vote à main levée ayant porté Pascal Houangni Ambourouet à la mairie est contesté par un conseiller de sa propre formation politique. Un recours exige l’annulation du scrutin pour non-respect du vote secret, une affaire révélée par nos confrères de Gabonreview dans leur livraison de ce 16 novembre 2025 et qui pourrait créer un précédent juridique majeur.
L’élection du nouveau maire de Port-Gentil, Pascal Houangni Ambourouet, est désormais au centre d’un bras de fer politico-juridique dont les répercussions dépassent largement les frontières de la capitale économique. Le vote à main levée organisé le 9 novembre, loin d’être une simple procédure, pourrait être requalifié en « violation flagrante » de la loi, au point de compromettre l’installation officielle prévue le 22 novembre.
Un recours interne qui invoque une violation du vote secret
À l’origine de la contestation : Jean-Philippe Douckagha, conseiller municipal de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), pourtant parti d’appartenance du maire élu. Dans un recours daté du 14 novembre et adressé au gouverneur de l’Ogooué-Maritime, il estime que le vote à main levée contrevient aux obligations légales.
La loi organique n°001/2014, réaffirmée par celle du 19 janvier 2025, impose un scrutin « secret et uninominal » pour l’élection du maire. Pour Douckagha, cette procédure « remet fondamentalement en cause la validité du vote ». Il demande donc l’« annulation pure et simple » de l’élection du maire et de ses adjoints.
Une fissure politique au sein du parti majoritaire. Cette contestation ouvre un paradoxe politique rare : un élu s’opposant frontalement à son propre camp. Selon plusieurs conseillers contactés par la rédaction, le vote à main levée aurait été choisi pour « aller vite », malgré les réticences initiales.
Cette pratique, dépourvue de base légale, révèle surtout une gestion approximative des normes institutionnelles dans une ville habituée aux tensions politiques. « La loi ne s’adapte pas aux contraintes du calendrier », rappelle un expert de la décentralisation interrogé par Gabon Media Time.
Un risque d’instabilité institutionnelle à Port-Gentil
Alors que le recours est entre les mains du gouverneur, et potentiellement soumis à la juridiction administrative, la mairie maintient son calendrier d’installation le 22 novembre. Une décision qui interroge : comment prêter serment alors qu’un recours en annulation est pendant ?
Cette incertitude ouvre la voie à un possible précédent, qui pourrait reconfigurer durablement la manière dont les élections municipales sont conduites au Gabon.
Au-delà du cas local, l’affaire souligne les difficultés récurrentes de l’application stricte des procédures électorales dans les collectivités. Port-Gentil, déjà théâtre de nombreuses batailles politiques, cristallise une fois de plus les contradictions entre texte et pratique. Reste à savoir si le gouverneur suivra l’exigence du droit ou les impératifs politiques du terrain.








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