Lutte contre l’insalubrité : Adrien Nguema Mba sur les traces du Gen. Judes Ibrahim Rapontchombo ?

À Libreville, l’insalubrité est devenue un fléau chronique. Monticules d’ordures à chaque coin de rue, caniveaux bouchés, occupation anarchique des trottoirs, garages anarchiques. Face à cette situation alarmante, le nouveau délégué spécial de la commune, Adrien Nguema Mba, a annoncé le lancement d’une nouvelle opération de restauration de l’ordre urbain. Une initiative qui, à bien des égards, ressemble à un éternel recommencement.
Le jeudi 4 juin 2025, Adrien Nguema Mba a annoncé un ultimatum de 15 jours aux occupants illégaux du domaine public. Passé ce délai, la municipalité prévoit d’engager des mesures coercitives. Avec pour objectif de libérer les espaces communs, dégager les dépôts sauvages d’ordures, et redonner à Libreville un semblant de propreté et d’ordre.
Un éternel retour à la case départ
Mais cette initiative ressemble davantage à de la poudre de perlimpinpin qu’à une véritable solution. Rien de nouveau sous le soleil gabonais. L’argent public sera une fois de plus jeté par les fenêtres dans une opération qui n’ira nulle part. Les agents municipaux, connus pour leur zèle sélectif, se feront un malin plaisir de s’en prendre aux petits commerçants, allant parfois jusqu’à s’accaparer de force leur marchandise, sans offrir d’alternatives viables. Et pour quel résultat ? Absolument rien.
Avant Adrien Nguema Mba, il y a eu le général Judes Ibrahim Rapontchombo en janvier 2024, qui avait lui aussi mené une grande offensive contre l’anarchie urbaine, en débarrassant temporairement la ville des carcasses de véhicules et des échoppes sauvages. Mais là encore, l’effet fut éphémère.Plus tôt encore, d’autres responsables municipaux ont mené des campagnes similaires, toutes vouées à l’échec.
L’ancien délégué spécial de Libreville, par exemple, avait instauré un jeu du chat et de la souris entre la mairie et les occupants illégaux. A chaque déguerpissement, ces derniers réoccupaient les lieux quelques jours plus tard. L’insalubrité et le désordre urbain sont restés inchangés.
Un mal national banalisé
Même à Port-Gentil, où le général de Corps d’armée Pierre Rizogo Rousselot avait lui aussi lancé une opération similaire, les résultats se sont avérés nuls. Les mêmes méthodes, les mêmes discours, les mêmes promesses et inévitablement les mêmes échecs.
Il est grand temps de cesser de se mentir. Cette opération n’est pas une solution, mais une mise en scène. Elle ne traduit pas une réelle volonté de changement. La municipalité semble plus préoccupée par l’affichage médiatique que par la transformation durable de la ville. La preuve, aucune stratégie structurelle, aucun plan d’aménagement à long terme, aucune politique sérieuse de gestion des déchets n’accompagne ces opérations.
Pourquoi ne pas s’inspirer du Rwanda ?
Au lieu de ces actions ponctuelles, coûteuses et inefficaces, pourquoi ne pas prendre exemple sur des pays comme le Rwanda ? Là-bas, chaque citoyen participe activement à la propreté de sa ville. L’État a instauré une discipline collective, des infrastructures adaptées et un vrai suivi. Résultat , Kigali est l’une des villes les plus propres d’Afrique, et cela ne doit rien au hasard.
Il est difficile de croire que la municipalité de Libreville prenne réellement à cœur la nécessité de rendre la capitale propre, vivable et attrayante. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Adrien Nguema Mba le sait parfaitement. En persistant dans les mêmes méthodes sans innovation, sans volonté politique sincère et sans vision à long terme, son opération est déjà condamnée à l’échec. Libreville mérite mieux que de simples effets d’annonce. Elle mérite une révolution urbaine et environnementale. Mais cela demande du courage, de l’ambition et surtout, de la sincérité.
GMT TV