Loïc Ngouayit-Kounda, DG de l’ONDS, sans filtre sur le 10 km de Port-Gentil et la polémique des maillots Gaboma

Après le 10 km de Port-Gentil, grande fête pédestre qui attire des coureurs de tout le Gabon et au-delà, le Directeur général de l’Office national du développement du sport (ONDS) anciennement ONDSC, le commandant Loïc Ngouayit-Kounda, a accordé une interview vérité à Gabon Media Time. Le premier responsable revient sur le rôle de son institution dans cette compétition à pied, tord le cou à l’idée selon laquelle l’ONDS ne s’occuperait que du football et donne sa version des faits sur la très médiatisée « affaire Gaboma » et le choix de l’équipementier des Panthères pour la CAN 2025.

GMT : DG (LNK : NDLR), bonjour et merci de nous recevoir à Port-Gentil. Commençons par l’événement du jour : quel a été exactement le rôle de l’ONDS dans l’organisation du 10 km de Port-Gentil ?

LNK : Bonjour. L’organisateur principal est la Fédération gabonaise d’athlétisme en partenariat avec Everest Media, avec un financement majeur assuré par Perenco. L’ONDS a été sollicité pour un partenariat technique à savoir la mise à disposition de tout le matériel de sécurité, barriérage, balisage du parcours, accompagnement logistique et technique de la course. Nous sommes là en appui, comme nous le faisons pour de nombreuses disciplines. Cet événement est un modèle que nous souhaiterions reproduire dans toutes les capitales provinciales avec l’aide de grands partenaires privés.

GMT : Beaucoup de Gabonais ont l’impression que l’ONDS (ou l’ex-ONDSC) ne travaille que pour le football. Est-ce fondé ?

L.N-K : Non, et il faut que cela soit clair une bonne fois pour toutes. Nous sommes l’Office national du développement du sport, pas du football. Bien sûr, le football a une visibilité énorme et, quand les Panthères jouent à Franceville – seul stade aux normes internationales aujourd’hui –, nous gérons l’infrastructure, l’hébergement, les déplacements des officiels, etc. Cela donne l’illusion que nous ne nous activons que pour le ballon rond. En réalité, nous accompagnons les 22 fédérations reconnues notamment athlétisme aujourd’hui à Port-Gentil, taekwondo, karaté, handball, basket, judo, tennis de table, golf…pour ne citer que celles-ci. Toutes peuvent bénéficier d’appuis techniques et, quand les finances le permettent, d’aides financières.

GMT : Venons-en à la polémique qui a enflammé le pays ces dernières semaines. La FEGAFOOT vous a publiquement reproché d’avoir outrepassé vos prérogatives dans le dossier de l’équipementier des Panthères pour la CAN 2025, notamment avec la proposition de la marque locale Gaboma finalement rejetée par la CAF. Votre réaction ?

L.N-K : D’abord, posons les faits calmement, parce qu’il y a eu beaucoup de bruit et parfois de la désinformation délibérée. L’équipementier des équipes nationales, c’est la compétence exclusive de la fédération, pas de l’ONDS. Nous n’avons jamais prétendu le contraire. Tout le monde a appris en octobre 2025. La fin du contrat avec Puma de la bouche de l’officier media des Panthères du Gabon. Et ce, à quelques semaines des barrages. Les joueurs eux-mêmes ont alerté sur le mauvais état du matériel. Les hautes autorités ont donc décidé d’apporter un appui exceptionnel à la Fegafoot. Pour ce qui est uniquement des barrages, la vérité est qu’en parfaite intelligence avec la fédération c’est-à-dire le responsable matériel, staff technique, nous avons passé la commande à Puma. Ensuite il y a un paiement direct puis est venu l’acheminement des équipements de Vienne jusqu’à Rabat en passant par Paris grâce à une société française de fret. Résultat : les Panthères ont joué en tenue complète et correcte. Point final pour les barrages. Maintenant, revenons concrètement sur l’affaire Gaboma, qui anime aujourd’hui la société gabonaise, et qui,il faut le dire, ne fait pas belle image pour notre pays.

Au moment où on parle, nous avons un nouvel équipement entier, qui s’appelle AB Sport, et qui va équiper les Panthères pour la suite. Nous n’étions plus en contrat avec Puma. Comme nous l’avons expliqué dans le communiqué de l’office dernièrement, une marque locale nous a contactés, afin de proposer ce service, de faire comme certains pays l’ont fait de proposer une marque locale, comme vous l’avez vu dans les missions de l’office. Nous avons contacté la fédération pour exposer la situation. Une marque locale veut bien s’intéresser à l’équipement des Panthères comme dans certains pays. La fédération n’a pas trouvé un avis négatif. Elle n’a pas mis opposition à la proposition. Elle a d’ailleurs transmis à la CAF la proposition faite par Gaboma. 

Nous n’avons pas accusé la fédération. Il était question d’aller vite parce que la fédération à la CAF demandait un délai. Nous avons fait une proposition. La proposition n’a pas reçu un avis négatif à Libreville. Ce n’est pas une affaire d’aventureux ou pas. C’est une affaire de fierté nationale. C’était à la fédération de nous dire que voici les limites de la proposition. Il y avait d’autres propositions. Nous attendions une réponse de la CAF. Qui arrivait relativement en retard et qui nous disait à deux jours près que c’était la fin des dates limites. Si nous avions eu la réponse de la CAF, le 12 ou le 13, parce que le document a été envoyé le 10 novembre 2025, Le moratoire du 21 novembre 2025. On aurait peut-être trouvé une autre équipe entière. Aucun centime n’a été dépensé par l’ONDS, la FEGAFOOT ou Gaboma dans cette affaire. Vérifiable à 100 %. Il n’y a eu ni contrat signé ni transaction financière. 

Grâce au délai supplémentaire obtenu notamment par Pierre-Alain Mounguengui, la commission tripartite Ministère, ONDS et Fegafoot a retenu l’offre d’AB Sport, déjà présent au Maroc, ce qui réglait les problèmes logistiques. Les Panthères disputeront donc la CAN 2025 avec AB Sport. Après la compétition, un appel d’offres ouvert et transparent sera lancé pour choisir l’équipementier de longue durée.

GMT : On a aussi entendu parler d’une proposition de la marque Umbro en marge des barrages. Pourquoi ne pas l’avoir retenue ?

L.N-K : Oui, Umbro avait manifesté son intérêt. Mais au moment où leur représentant était au Gabon, nous attendions déjà la réponse de la CAF sur le dossier Gaboma. On ne pouvait pas envoyer deux dossiers simultanés. Et quand la CAF a rejeté Gaboma, le temps était trop court. AB Sport avait l’avantage d’être déjà sur place au Maroc et de proposer une prise en charge rapide et gratuite. C’était la solution la plus pragmatique.

GMT : Votre mot de la fin DG ?

L.N-K : L’ONDS est le bras armé de l’État pour accompagner toutes les fédérations, gérer les infrastructures et protéger les marques nationales. Nous ne nous ingérons jamais dans leur gouvernance. Nous sommes partenaires, interdépendants.  

À quelques semaines de la CAN, après deux éditions manquées, concentrons-nous sur l’essentiel : soutenir Patrice Neveu et ses joueurs qui ont réalisé un exploit en deux ans. Évitons les polémiques stériles qui abîment l’image du Gabon à l’étranger.  

Quand une fédération ou une ligue a besoin d’aide que ce soit l’athlétisme à Port-Gentil aujourd’hui, le taekwondo, le judo ou demain le football professionnel , nous répondons présent. Acceptons l’aide quand elle est proposée, discutons, soyons patriotes. L’image et la fierté du Gabon passent avant tout.

GMT : Merci, Commandant Loïc Ngouayit-Kounda, pour ces éclairages.

L.N-K : Merci à vous !