Littérature : « La dynamique des enseignes à Libreville » de Firmin Moussounda
« La dynamique des enseignes à Libreville » de Firmin Moussounda Ibouanga, est un essai qui capte le quotidien des commerces de la capitale gabonaise. Plus qu’un simple chapelet de boutiques, ces enseignes accordent à la ville une parole vive; elles racontent, en signes et couleurs, l’histoire d’un Libreville en perpétuelle expansion et révèlent les tensions sociales et les nouveaux rêves urbains.
À travers l’étude de trois arrondissements emblématiques, Moussounda dissèque la sociolinguistique des enseignes, montrant comment le français vernaculaire côtoie les idiomes locaux et des emprunts internationaux. L’auteur examine les alternances, les doublets lexicaux, les stratégies nominatives des commerçants et la façon dont ces signes répondent aux flux migratoires, aux logiques économiques informelles et aux aspirations esthétiques des habitants. Le ton oscille entre observation anthropologique et poésie urbaine.
Un regard original sur une capitale qui se lit autant qu’elle se vit
Firmin Moussounda Ibouanga, maître de conférences en sociolinguistique à l’université Omar Bongo, mêle rigueur académique et regard de flâneur. Son travail repose sur des enquêtes de terrain, des entretiens avec commerçants et artisans, un corpus photographique minutieux. Il décortique les usages nominaux, repère les marques de prestige et les signes d’informalité, et replace chaque enseigne dans son contexte socio-économique. Le livre offre aussi des cartographies sensibles, des tableaux comparatifs et des pistes pour des politiques urbaines qui valorisent la créativité locale tout en protégeant le patrimoine immatériel des quartiers populaires.
Loin d’être un simple inventaire, l’essai possède une tonalité littéraire qui élève le banal en phénomène signifiant. L’extrait cité par l’auteur montre cette conviction : l’enseigne n’est pas isolée, elle naît de la rencontre entre tensions linguistiques et configurations urbaines. Lecteurs curieux, urbanistes, linguistes et voyageurs y trouveront matière à méditation, un guide pour comprendre comment la ville s’écrit et se lit. En refermant l’ouvrage, on garde l’image d’un Libreville parlant par ses vitrines, d’une capitale qui affirme son identité par ses enseignes, fragile, inventive et résolument vivante.








GMT TV