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Littérature : Koumba Nella explore les désillusions de l’exil dans « Mognu »

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Dans « Mognu », paru aux éditions Jets d’Encre, Koumba Nella ausculte les failles que laisse l’exil dans un cœur humain. Son roman ne raconte pas un départ flamboyant, mais un glissement silencieux vers l’inconnu, celui d’un homme qui croit s’offrir un avenir plus vaste et se retrouve au contraire face à la fragilité de ses propres rêves. L’autrice gabonaise, née à Port-Gentil, installe dès les premières pages une atmosphère voilée de nostalgie, où la lumière du pays d’origine continue de briller à travers la brume d’un ailleurs hostile. Elle y poursuit une ambition claire, donner voix à ces existences qui se fissurent loin de chez elles, montrer que la promesse d’un nouveau départ cache souvent un lent effritement de soi.

Dibale, le protagoniste, incarne cette fracture avec une intensité poignante. Parti par amour, convaincu qu’un écrin de bonheur l’attend, il découvre à son arrivée un monde qui le désavoue. L’éloignement sentimental, la précarité, la perte progressive de repères, tout concourt à lui rappeler qu’un départ n’efface pas ce que l’on porte en soi. Nella dépeint ce désarroi avec une écriture sensible, presque murmurée, comme si chaque mot cherchait à préserver la dignité d’un homme qui vacille mais refuse de se dissoudre dans le silence.

Les ombres de l’exil, les braises de la dignité

Ce qui frappe dans « Mognu », c’est la manière dont la mémoire devient refuge autant que tourment. Dibale, lorsqu’il se sent happé par la mélancolie, se replie vers les images de son enfance, les voix de ceux qui l’ont façonné, la chaleur familière de sa terre natale. Ces réminiscences, loin d’être de simples souvenirs, tissent une bouée intérieure qui l’empêche de sombrer. Koumba Nella explore ainsi un paradoxe universel, l’exil qui blesse est aussi celui qui révèle ce que l’on croyait enfoui, une force discrète mais tenace.

À travers ce roman d’une humanité vibrante, l’auteure met en lumière la résistance intime des déracinés, leur lente reconquête de sens dans un monde souvent indifférent. Elle signe un livre qui interroge la manière dont on se relève après la chute, comment on réapprend à marcher quand le sol s’est dérobé. Ce roman de 176 pages, paru en novembre 2025 se lit alors comme un chant mélancolique sur la survie, mais aussi comme une invitation à reconnaître la beauté fragile de ceux qui cherchent, malgré tout, à renaître.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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