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Libreville : quand le Commissariat de Belle-vue 2 séquestre du matériel archéologique par excès de zèle

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À Libreville, une étonnante mésaventure a récemment marqué l’actualité locale, impliquant une jeune étudiante en archéologie, Marie Josée Angue Zogo. Cette dernière a frôlé la détention en raison de l’excès de zèle, voire d’un manque de compréhension de la part de certains agents en poste au Commissariat du 3ème arrondissement d’Akébé Belle Vue 2, qui auraient pris des pierres de recherche pour des stupéfiants.

Tout commence lorsqu’un colis en provenance de France, contenant des outils de recherche lithique, est intercepté par les forces de l’ordre. Le conducteur et le beau-frère de l’étudiante sont appréhendés au carrefour Hassan, dans le 4ème arrondissement de Libreville, alors que tout, dans les papiers du véhicule et des passagers, semble en règle. Malheureusement, l’ouverture d’une valise qui abrite des pierres taillées déclenche l’alarme chez un agent, qui évoque immédiatement la suspicion d’une drogue.

Selon le récit de l’étudiante sur sa page Facebook sous le pseudonyme de Bilame Déesse, « Les policiers ont embarqué tous mes colis — micro-onde, air fryer, groupe électrogène et les trois valises — ainsi que mon beau-frère et le chauffeur ». Après avoir été avertie de la situation, l’étudiante se rend au commissariat avec un document valide du Centre national de la recherche scientifique et technologique (Cenarest), attestant de la légalité de ses activités de recherche archéologique, mais est confrontée à l’incompréhension de l’officier chargé des opérations.

Un excès de zèle teinté de méconnaissance de l’archéologie 

Cette dernière, dans un mélange d’intimidation et de scepticisme, remet en question la légitimité du milieu scientifique gabonais.. «Donc, tu veux dire qu’on est bête ? On ne connaît pas l’archéologie?», aurait-elle lancé à la jeune étudiante en archéologie. 

L’absurdité de la situation aurait atteint son paroxysme lorsque, à 22 heures le vendredi 3 octobre 2025, le capitaine en charge décide de placer les occupants du véhicule en garde à vue, sans fournir de motif valable. « Je lui demande le motif de la garde à vue, il me dit qu’il ne sait pas », s’étonne la chercheuse, mettant en lumière le vide juridique et l’arbitraire qui peuvent régner dans un tel contexte.

L’affaire aurait d’ailleurs trouver son dénouement après l’intervention du frère avocat et du beau-frère en poste à la section drogue de l’étudiante. Une affaire qui au final soulève des questions inquiétantes sur la formation des policiers et leur capacité à distinguer des objets légaux et scientifiques de produits illicites. Alors que le Gabon regorge de trésors archéologiques, ces incidents soulignent la nécessité d’une sensibilisation accrue aux spécificités du patrimoine culturel et scientifique du pays. Comment garantir la protection de ce patrimoine si ceux censés le défendre le méprisent ou l’ignorent ? 

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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