Libreville : Bruno Obiang Mve évincé du parquet, une sortie sur fond de controverses judiciaires
La session extraordinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), tenue le 19 décembre 2025 au Palais de la Présidence, a acté l’éviction de Bruno Obiang Mve de ses fonctions de procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville. Une décision qui intervient dans un climat de défiance marqué par plusieurs dossiers sensibles, dont l’affaire Opiangah, et par un bilan sécuritaire jugé peu convaincant dans la capitale.
Réuni sous la Très Haute Présidence de Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la République, Chef de l’État et Président du Conseil supérieur de la magistrature, le CSM a justifié cette session exceptionnelle par la nécessité de corriger des « omissions et manquements majeurs » relevés lors de la session ordinaire de septembre 2025, tout en rappelant l’exigence constitutionnelle et l’impératif de crédibilité de la justice gabonaise.
L’ombre persistante de l’affaire Opiangah
Le passage de Bruno Obiang Mve à la tête du parquet de Libreville restera durablement associé au scandale de l’affaire Hervé Patrick Opiangah. Une procédure pénale avait été engagée alors même qu’aucune plainte n’avait été déposée, soulevant de sérieuses interrogations sur le déclenchement de l’action publique et le respect des garanties procédurales.
Plus troublant encore, les saisies opérées en novembre 2024 au domicile de l’homme d’affaires continuent d’alimenter la controverse. Si une quittance du Trésor public, datée du 3 décembre 2024, est aujourd’hui brandie par certains comme preuve de la régularité de la procédure, la magistrate instructrice aurait, dans une ordonnance, affirmé n’avoir « jamais vu » les objets saisis. Une contradiction majeure, qui fragilise la chaîne de traçabilité et jette une lumière crue sur les pratiques du parquet à l’époque.
Un parquet fébrile et une criminalité persistante
Au-delà de ce dossier emblématique, le bilan sécuritaire du parquet de Libreville sous Bruno Obiang Mvé apparaît en demi-teinte. Malgré la multiplication des annonces et des opérations judiciaires, la criminalité n’a pas connu de baisse significative dans la capitale, régulièrement secouée par des faits de vols, d’agressions et de violences urbaines.
À cela s’est ajoutée une communication institutionnelle jugée hésitante, parfois opaque, sur des dossiers sérieux et sensibles. Cette fébrilité du parquet a contribué à nourrir la défiance de l’opinion publique et à affaiblir la lisibilité de l’action judiciaire.
Un signal fort pour la justice de la Ve République
En actant l’éviction de Bruno Obiang Mve, le Conseil supérieur de la magistrature adresse un message clair : la justice gabonaise doit se montrer irréprochable, tant sur le fond que sur la forme. Comme l’a rappelé le Chef de l’État, elle doit sanctionner tous les actes illicites, quels que soient leurs auteurs, afin de restaurer sa crédibilité et sa légitimité auprès des populations.
Cette décision marque ainsi une étape importante dans la volonté affichée des autorités de refonder l’institution judiciaire, à l’aune des exigences de l’État de droit et de la paix sociale, dans une Ve République qui se veut plus rigoureuse, plus lisible et plus responsable.









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