Libreville : au Lac Bleu, les habitants dénoncent un déguerpissement brutal et sans explications
À Libreville, la zone dite Lac Bleu, dans le 1er arrondissement, est en ébullition. Alors que le gouvernement prépare un vaste chantier routier voulu par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, les riverains affirment avoir été pris de court par une procédure de déguerpissement menée sans information, sans relogement et sans dédommagement. Selon les constats rapportés par GabonReview, les premières marques de démolition peintes sur les habitations ont provoqué stupeur, colère et incompréhension.
Le projet vise la construction d’une « grande voie de circulation », deux fois deux ou trois voies, pour fluidifier l’accès à la Cité de la Démocratie. Un chantier structurant, présenté comme un levier de modernisation.
Mais dans le quartier, c’est moins l’ambition que la méthode qui choque. Selon GabonReview, aucune communication officielle n’a précédé les opérations menées mercredi dernier. Sur place, des équipes du cadastre, de la police municipale et des Travaux publics ont été vues en train de mesurer et marquer les habitations… sans adresser la moindre explication aux familles concernées. Interrogé par un habitant, un agent n’aurait renvoyé la question du relogement et du dédommagement à « un autre tour », laissant la population dans une totale incertitude.
Des habitants livrés à eux-mêmes
La cheffe du quartier Charbonnages Iduku Lac Bleu, mise en cause par certains résidents, affirme au contraire que l’administration ne l’a jamais officiellement informée : « Je n’ai reçu aucun document », a-t-elle déclaré, selon GabonReview. « J’ai construit cette maison à 30 ans. J’en ai 60 aujourd’hui. Où vais-je recommencer ? », confie une habitante, en larmes. Plusieurs maisons portent désormais la mention « à démolir sans délai », plongeant des familles entières dans un stress permanent.
Ces opérations rappellent douloureusement les évictions de Plaine Orety, où des résidents avaient également été déplacés sans solution immédiate, malgré les engagements répétés du président de la Transition en faveur de méthodes plus humaines.
Les habitants appellent au dialogue et au respect de la dignité
Les riverains ne rejettent pas le projet, mais exigent une procédure juste et transparente. La chefferie du quartier l’a répété : « Nous ne refusons pas le développement. Mais qu’ils respectent les conditions ». Les attentes sont claires : recensement équitable, inventaire des biens, indemnisations conformes à la loi, relogement anticipé, communication officielle directe.
Dans l’attente d’une réunion annoncée par des agents de l’ANUTTC, les habitants disent rester « abandonnés à eux-mêmes ». L’affaire du Lac Bleu constitue désormais un test majeur pour le pouvoir en place : concilier modernisation et justice sociale, sans sacrifier les populations les plus vulnérables.









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