Libreville : 70 hectares de mangroves disparus en 3 ans
L’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (AGEOS) indique dans son étude publiée en 2021, que Libreville aurait perdu 3% de ses mangroves entre 2018 et 2021, soit 70 hectares. Des chiffres qui révèlent que la capitale gabonaise aurait le taux annuel de déforestation des mangroves urbaines au-dessus de la moyenne mondiale.
Au moment où les plus hautes autorités gabonaises tentent d’apporter des solutions idoines contre la destruction des mangroves, il ressort que la situation est plus préoccupante qu’on le croirait. À ce propos, Libreville serait devenu, selon toujours l’étude de l’AGEOS, une ville vulnérable aux inondations et aux glissements de terrain.
Une urbanisation incontrôlable
Une analyse de la dynamique de l’occupation à partir d’orthophotos à très haute résolution, fournies par Maxar Technologies, indique une très forte densité humaine sur plusieurs sites. Résultat, les forêts de mangroves ont connu des régressions nettes jusque-là jamais enregistrées.
Selon l’AGEOS, 35,6 hectares à Okala-Angondjé, 46,9 hectares à Lowé et 36,6 hectares à Igoumié, ont donné entre 2007 et 2020 à un taux de déforestation global de 0,8% par an à Libreville. À cet effet, le taux annuel de déforestation des mangroves urbaines dans la province de l’Estuaire a été plus élevé que la moyenne mondiale de déforestation des mangroves à 0,11%.
Des risques accrus d’érosions et d’inondations
Les occupations du sol à Okala-Angondjé, Lowé et Igoumié sont surtout marquées par la progression des constructions et leur empiètement sur la végétation. L’expansion des résidences et de nouveaux quartiers représenterait à ce jour de façon anthropique 57% des régressions à Okala-Angondjé, 96% à la rivière Lowé et 78% dans la zone d’Igoumié.
« Lorsque je vais sur le terrain, je vois la pression qu’exerce l’urbanisation sur la mangrove. C’est tout un écosystème qui est voué à être complètement détruit», souligne le Dr. Magloire Désiré Mounganga, chercheur et ancien coordonnateur scientifique à l’Agence des Parcs Nationaux du Gabon (ANPN). Il revient désormais aux ministères en charge de l’environnement et de l’Habitat de veiller à cette urbanisation dans les zones à mangroves.