Lestat XXL : « il faut sortir du mode main tendue »

Invité de l’émission Le Grand Mbandja sur Gabon 1ère ce mercredi 6 août 2025, le rappeur Lestat XXL a livré une analyse lucide de l’état actuel du rap gabonais. Tout en saluant certaines avancées, il a plaidé pour une évolution des mentalités et une responsabilisation accrue des artistes face aux défis structurels du secteur culturel.

À l’occasion de son passage sur la télévision publique, l’un des piliers du rap gabonais, Lestat XXL, est revenu sur l’évolution de la scène musicale nationale, dans un contexte où les initiatives peinent encore à fédérer durablement. « Il y a des choses qui bougent, des choses encourageantes. On reste positif parce qu’on veut le bien du Gabon », a-t-il déclaré, affirmant son optimisme sans occulter les difficultés persistantes.

L’artiste a également insisté sur le rôle pivot que pourrait jouer le ministère de la Culture, tout en invitant à une approche réaliste de ce partenariat. « Ça va dépendre de ce que le ministère fera, mais il faut aussi que nous, en tant qu’artistes, on comprenne que le ministère ne peut pas tout faire », a-t-il précisé.

Pour une culture de l’autonomie et du partenariat

Loin de se cantonner à une critique institutionnelle, Lestat XXL a invité ses pairs à repenser leur positionnement vis-à-vis de l’État. Il propose une vision plus proactive, fondée sur la recherche de partenariats et de financements privés. « Est-ce que le ministère peut nous aider au moins à obtenir l’aide d’opérateurs économiques ? Ça peut être aussi une solution », a-t-il poursuivi.

À travers cette réflexion, le rappeur appelle à une rupture avec la posture de dépendance. « Même quand tu vas ailleurs, ce n’est pas le rôle du ministère de la Culture de nourrir les artistes. Il faut que les gens le comprennent », a-t-il déclaré.

Vers une nouvelle conscience artistique au Gabon ?

Ce message, au-delà de sa portée individuelle, traduit une volonté plus large de voir émerger une génération d’artistes gabonais davantage structurés, formés et économiquement autonomes. Pour Lestat XXL, cela passe par un changement de mentalité. « Il ne faut pas qu’on soit en permanence en mode main tendue, même si c’est difficile », a-t-il martelé.

En explorant d’autres pistes de financement, en se formant à l’entrepreneuriat culturel et en s’organisant collectivement, les artistes peuvent, selon lui, devenir des acteurs économiques à part entière. Une ambition que le ministère de la Culture, dans sa politique d’accompagnement, devra aussi intégrer.

Par cet appel à la lucidité, Lestat XXL repositionne le débat culturel non pas dans la seule revendication, mais dans la co-construction. Un discours porteur à l’heure où le secteur musical gabonais cherche encore les voies d’une structuration durable.