Législatives 2025 : à Akanda, la volte-face du ministère de l’Intérieur jette une ombre sur la sincérité du scrutin

La légitimité électorale se joue désormais dans la rue et devant les caméras plus qu’au sein des institutions. Dans le 2ᵉ arrondissement d’Akanda, les résultats des législatives du 27 septembre se sont transformés en une démonstration éclatante de la fragilité de la CNOCER et du ministère de l’Intérieur, accusés de manipuler les chiffres au gré des pressions.
Une volte-face qui décrédibilise l’autorité électorale. Au matin du 29 septembre, la CNOCER annonçait des chiffres attribuant 879 voix à Franck Nguema et 870 à Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, reléguant ce dernier derrière le candidat indépendant. Quelques heures plus tard, après une conférence de presse explosive de Ntoutoume Ayi brandissant les procès-verbaux des 54 bureaux de vote, la même institution publiait une version corrigée : 7 665 suffrages exprimés, un taux de participation revu à 31,07 %, et surtout 1 622 voix pour Ntoutoume Ayi, désormais qualifié pour le second tour face à Pascal Franck Nzé Ndong (1 699 voix).
Un revirement spectaculaire que rien ne saurait justifier par une simple « erreur de compilation ». Pour beaucoup, il s’agit de l’aveu implicite que les résultats initiaux étaient au mieux bâclés, au pire volontairement faussés.
Franck Nguema : « la légitimité s’obtient sur le terrain, pas sur tapis vert »
Victime directe de ce retournement, Franck Nguema n’a pas tardé à dénoncer une manipulation orchestrée par le ministère de l’Intérieur. « Pour la deuxième fois en moins de 24 heures, des résultats contradictoires sont annoncés à Akanda. Les résultats réintègrent les procès-verbaux des bureaux entachés d’irrégularités que la commission locale avait écartés », accuse-t-il.
L’ancien ministre dit comprendre que « certains aient peur de [l’]affronter sur le terrain », mais prévient que « la légitimité du peuple s’obtient sur le terrain, pas sur tapis vert ». Il a annoncé un recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler cette décision, rappelant que « la Ve République ne peut trembler parce que certains parlent forts alors qu’ils sont dans l’aveuglement et l’erreur ».
Une démocratie sous perfusion de vigilance citoyenne
Ce double épisode – la rectification forcée après la pression de Ntoutoume Ayi et la dénonciation de Franck Nguema – révèle une faillite institutionnelle. La CNOCER, censée garantir l’intégrité du scrutin, s’est contentée de valider des résultats provisoires manifestement erronés, tandis que le ministère de l’Intérieur se retrouve accusé d’être juge et partie.
Dans ce climat, la démocratie gabonaise repose moins sur la solidité de ses institutions que sur le courage individuel de candidats contraints d’exposer les incohérences pour sauver la vérité des urnes. Mais à force de transformer chaque scrutin en bras de fer entre citoyens vigilants et institutions soupçonnées de partialité, le pays risque de replonger dans les travers que le coup d’État du 30 août 2023 promettait d’éradiquer.
GMT TV