L’ambition de transformation portée par le Chef de l’État à travers le budget 2026

Le Conseil des ministres vient d’adopter le projet de loi de finances 2026, avec un niveau inédit de 7 233,3 milliards de FCFA en ressources et en dépenses. Ce budget, le plus élevé de l’histoire du Gabon à ce jour, traduit une volonté claire : placer l’investissement public et privé au cœur de la transformation économique. Avec 3 321,5 milliards de FCFA dédiés à l’investissement et un taux de croissance projeté à 7,9 %, il porte l’ambition d’un véritable changement de paradigme.
Un pari audacieux mais nécessaire
Certes, certains partenaires techniques et financiers expriment un scepticisme sur la soutenabilité du taux de croissance annoncé.
Mais au-delà des réserves, il faut reconnaître que l’ambition affichée par le gouvernement est cohérente avec les défis que doit relever notre pays : diversification économique, création d’emplois, amélioration du climat des affaires, et renforcement des infrastructures.
L’histoire récente démontre qu’aucune nation ne s’est développée sans avoir osé fixer des objectifs élevés et mobiliser ses forces autour d’un projet national.
En ce sens, ce budget 2026 n’est pas seulement un cadre comptable, mais l’expression d’une vision politique portée par le Chef de l’État, qui fait du développement inclusif et durable le socle de son action.
Les conditions de la réussite
Pour transformer cette ambition en résultats tangibles, trois conditions apparaissent incontournables :
– Discipline budgétaire et transparence : la maîtrise des dépenses de fonctionnement et le respect des engagements financiers doivent rester des priorités pour préserver la crédibilité de l’action publique.
– Disponibilité rapide des financements : les ressources internes comme externes doivent être mobilisées et décaissées dans les délais, afin d’éviter le blocage des projets structurants.
– Simplification des procédures : la lourdeur administrative est un frein majeur à l’efficacité. Une réforme de la chaîne de la dépense et de l’exécution budgétaire s’impose pour fluidifier et accélérer la réalisation des investissements.
La place du capital humain dans la réussite
Au-delà des moyens financiers, la réussite de ce budget dépendra largement de la qualité des ressources humaines mobilisées. Mettre des hommes et des femmes compétents, intègres et engagés aux postes stratégiques est une condition sine qua non pour atteindre les objectifs fixés.
Il est temps d’instaurer un véritable système d’évaluation des gestionnaires publics, fondé sur la performance, la redevabilité et la transparence.
Chacun doit être jugé non pas sur ses intentions, mais sur ses résultats. Cette culture de la performance permettra de redonner du sens au service public et d’aligner l’action de l’administration sur les priorités nationales. Les programmes annuels de performance ( PAP) constituent un véritable outil de définition et de suivi des objectifs.
La nécessité d’un Conseil de discipline budgétaire
La mise en place d’un organe indépendant de suivi de la mise en oeuvre des politiques budgetaires me parait important . Cet organe aurait vocation à :
– suivre la bonne exécution des crédits,
– s’assurer du respect des engagements pris,
– et sanctionner, le cas échéant, les administrateurs de crédits qui manqueraient à leurs responsabilités.
Un tel mécanisme renforcerait la responsabilité individuelle des gestionnaires publics et constituerait un signal fort en faveur de la rigueur et de la bonne gouvernance.
En définitive, le budget 2026 n’est pas seulement un exercice technique. Il est le reflet d’une ambition nationale, portée avec constance et détermination par le Chef de l’État, d’inscrire le Gabon sur une trajectoire de croissance forte, durable et partagée.
J’apporte mon plein soutien à cette vision de transformation structurelle. Oui, les défis sont nombreux. Oui, le scepticisme existe. Mais c’est dans la capacité à conjuguer ambition, rigueur et responsabilité que le Gabon trouvera les leviers pour s’imposer comme une économie moderne et compétitive.
2026 peut, et doit, être une année charnière : celle où le Gabon franchira un cap décisif dans la construction d’une prospérité collective.
Jean Fidèle Otandault
Expert-comptable diplômé, Commissaire aux comptes,
Ancien Ministre d’État, Ministre du Budget
GMT TV