Lambaréné : entre manœuvres militaires et urbanisation anarchique, l’aéroport au cœur des inquiétudes

Alors que les manœuvres militaires belgo-gabonaises se déroulent à Lambaréné jusqu’au 4 décembre, la question de la sécurité autour de l’aéroport de la ville ressurgit avec force. Enclavée au milieu des habitations, l’infrastructure expose désormais des centaines de riverains à des risques croissants.

Traversée par le fleuve Ogooué, Lambaréné est depuis toujours un carrefour stratégique reliant le nord, le sud et l’intérieur du pays. Cité du « Grand-Blanc » et point de passage naturel, elle constitue aussi un pivot logistique essentiel pour les Forces de défense, régulièrement mobilisées lors des exercices militaires. Les manœuvres belgo-gabonaises en cours rappellent l’importance opérationnelle de la ville.

Une plateforme stratégique au centre d’une ville en pleine expansion

Mais derrière ce rôle stratégique se cache une réalité moins reluisante : l’aéroport de Lambaréné est aujourd’hui encerclé par l’urbanisation galopante. Là où s’étendaient autrefois des zones tampons, des habitations ont fleuri au fil des ans, parfois à quelques mètres seulement de la piste d’atterrissage.

Faute de clôture et en l’absence de voie de contournement, des dizaines de résidents traversent quotidiennement la piste, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité. Une situation déjà préoccupante en temps normal, mais qui devient critique en période de manœuvres militaires impliquant des aéronefs. « Il faut envisager une délocalisation de l’aéroport, même si cela représente un coût important. La sécurité des habitants doit primer », estime Nicaise Manondzo, habitant de la commune.

D’autres pointent une responsabilité partagée. « Urbanisme et populations ont laissé faire. On ne pouvait pas autoriser l’installation de maisons si proches d’une zone interdite », analyse M. Mihindou. Pour lui, toute opération de déguerpissement serait désormais un casse-tête politique et social.

Un risque permanent et une réponse attendue

Si des rumeurs évoquent un éventuel déplacement des populations installées autour de la piste, aucune communication officielle n’est venue clarifier la position des autorités. Pendant ce temps, chaque décollage militaire ou civil rappelle l’évidence : un drame est possible à tout moment.

Entre impératifs de défense nationale et urgence urbanistique, l’État devra trancher. Lambaréné ne peut durablement concilier une plateforme aérienne stratégique et une occupation anarchique des abords. L’équilibre actuel, fragile et dangereux, appelle une intervention rapide et structurée.