«La mort d’un juste», l’hommage du Dr Louma Eyougha à Guy Christian Mavioga
Guy Christian Mavioga vient de nous quitter après « avoir combattu le bon combat », comme le dirait le chrétien pratiquant qu’il était. GCM, acteur politique talentueux, Secrétaire général exécutif du Bloc Démocratique Chrétien (BDC) était un homme entier qui ne laissait personne indifférent.
J’ai fait sa connaissance, il y a une vingtaine d’années environ, peu après la création de l’ONG Agir pour le Gabon qu’il a contribué à faire connaître. Nous avons, par exemple, bénéficié gratuitement, pendant plus de deux ans, du soutien médiatique de son journal “Espoir”.
Membre de la Majorité présidentielle, qu’il défendait avec acharnement et loyauté, Guy Christian Mavioga a parfois payé très cher son engagement politique. J’ai encore en mémoire l’incendie de sa station de radio et télévision, perpétré dans la nuit du 31 août 2016 par des inconnus qui protestaient contre le hold-up électoral du pouvoir PDG.
Propriété d’un citoyen membre de la majorité présidentielle, les médias de GCM avaient la particularité d’être ouverts à tous, sans distinction d’appartenance politique ou religieuse. Et cela n’était pas le moindre de ses mérites, lorsque que l’on connaît le sectarisme qui caractérise le paysage politico-médiatique gabonais, où même les médias du service public, pourtant financé par le contribuable, sont confisqués par le parti au pouvoir.
MAVIOGA était un esprit libre, passionné, certes, mais pas du tout clivant. Il quitte ce monde sans avoir vu aboutir la « Paix des braves », cette réconciliation entre les Gabonais dont il était porteur. Guy Christian Mélange d’intelligence, de patriotisme, de courage politique, « L’homme au chapeau » comme je l’appelais affectueusement savait avec altruisme et générosité se mettre au service des autres.
Guy Christian Mavioga n’était pas un saint, loin s’en faut. Comme nous tous, il avait sa part d’ombre. Mais il était vrai, fidèle en amitié, tolérant et respectueux de nos valeurs traditionnelles. Pour cela, il dérangeait jusque dans son propre camp politique. La preuve ? Malgré son activisme et les coups reçus, il n’a jamais figuré dans la liste d’aucun gouvernement PDG.
Pire : tout récemment il a été éjecté comme un malpropre de ses fonctions de Directeur Général de Pizolub, sous prétexte qu’il aurait prétendument détourné des fonds. Comme si au PDG on sanctionnait les voleurs… De toutes les façons, l’ingratitude des hommes au pouvoir dans notre pays est un secret de polichinelle.
Alors, Guy Christian, mon cher frangin, comme tu le savais, je t’ai toujours porté dans mon cœur et ce, malgré certaines divergences entre nous.
Je te souhaite une glorieuse éternité auprès de nos ancêtres.
S’il t’arrive de rencontrer les patriotes qui nous ont précédés, dis-leur que les Gabonais continuent à se battre pour une société véritablement démocratique, pour un pays réconcilié avec lui-même. Vous serez fiers de vos survivants et trouverez le Repos quand nous arriverons un jour à une transmission du pouvoir d’État sans effusion de sang , dans une alternance démocratique…
Va en Paix, petit-frère, et sache que ton épouse, ta famille et tes amis ne t’oublieront jamais !
Dr Alphonse Louma Eyougha,
Président de l’ONG Agir pour le Gabon