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Jean Pierre Antchoue : « La démocratie, levier de développement et de retour des talents »

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Le 15 septembre, à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, le Gabon fait face à un paradoxe inquiétant : jamais l’espoir de renouveau n’a été aussi grand — et jamais le risque d’un déni de démocratie n’a été aussi réel. Pour autant, la démocratie ne se résume pas à une notion politique, elle est aussi un instrument de transformation économique.

Depuis la chute du régime Bongo en 2023, notre pays a connu une période de transition portant l’ambition d’ouvrir une ère nouvelle avec l’élection du 12 avril 2025 ayant abouti au plébiscite du Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA et dont le point d’orgue s’écrira le 27 septembre et le 11 octobre 2025.

Mais à mesure que les mois passent, nombre de nos compatriotes de la diaspora, en particulier ceux que j’ai rencontré lors des différentes rencontres citoyennes, physiques ou virtuelles, expriment une inquiétude croissante. Le point de départ d’une nouvelle République et la mise en place de la première législature de la Vᵉ République, étape fondatrice pour la consolidation de nos institutions ne doivent pas masquer une crainte, celle nourrie par l’incompréhension manifeste d’une Constitution accusée à tort ou à raison de favoriser l’absence de garanties institutionnelles solides, dont celles de contres pouvoirs clairement établis, et alimentée par la réapparition de pratiques politiques d’un autre temps avec l’exclusion de candidatures de bon sens.

Ceux qui espéraient, aujourd’hui s’interrogent. Ceux qui s’étaient tus, commencent à parler. Et ceux qui pensaient ne plus avoir de rôle à jouer doivent comprendre que tout commence avec eux.
Une économie ne peut prospérer durablement dans un climat d’opacité, de clientélisme et d’exclusion politique. Les investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ont besoin de stabilité, de règles claires, d’institutions crédibles et de justice indépendante. Là où la loi est la même pour tous, là où l’on peut entreprendre sans appartenir à un clan, là où les marchés publics ne sont pas confisqués par quelques-uns, la croissance devient inclusive, les talents se libèrent et l’innovation prend racine.

Aujourd’hui encore, des milliers de Gabonais brillent à l’étranger, porteurs de compétences rares, d’expertises pointues, et surtout d’un amour profond pour leur pays. Mais que leur offrait-t-on pour revenir ? Très souvent, un environnement politique incertain, des blocages administratifs, et le sentiment qu’au Gabon, « ce n’est pas le mérite qui parle ».

Une démocratie réelle serait un puissant signal d’appel au retour. Elle dirait à la diaspora: « vous avez votre place », non pas comme spectateurs ni comme ressources financières à solliciter, mais comme acteurs à part entière de la reconstruction nationale. Le retour de la diaspora doit reposer sur des institutions fiables et des perspectives économiques crédibles.

Il est encore temps de bâtir une démocratie réelle, mais le compte à rebours est lancé. Si nous manquons ce tournant, le Gabon pourrait retomber dans un cycle politique que nous connaissons trop bien : autoritarisme maquillé, une légitimité contestée, et un peuple à nouveau dépossédé de son destin.

Alors que le Gabon s’apprête à organiser ses premières législatives post-transition, sous le regard des observateurs nationaux et internationaux, nous portons une responsabilité historique immense. Nous sommes face à un choix de société, entre deux voies : celle du renouveau démocratique porteurs de développement et de croissance… ou celle d’un retour déguisé à un système qui a trop longtemps confisqué notre avenir.

Peuple gabonais, chère diaspora, chère jeunesse, ne laissez personne vous faire croire que votre voix ne compte pas. Ne laissez personne décider de vous, décider pour vous.
Car la démocratie ne se donne pas. Elle se défend. Elle se mérite. Et cette fois, nous n’avons pas le droit de nous tromper.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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