Jean Delors Biyogue : « La grève à l’AGASA est orchestrée par des personnes souhaitant voir perdurer la corruption »

Alors qu’une grève générale illimitée paralyse depuis le 1er octobre l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA), son directeur général, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, a décidé de briser le silence. Face aux accusations portées par le Syndicat national des travailleurs de l’AGASA (SYNATA), le patron de l’institution a tenu, le 2 octobre 2025 lors d’une conférence de presse à Libreville, à clarifier sa position. Pour lui, cette mobilisation n’a rien de revendicatif. Elle serait le fait d’un groupe de personnes refusant la transparence et cherchant à maintenir des pratiques douteuses au sein de l’agence.
Rappelant le contexte de sa nomination, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou a expliqué qu’il avait reçu du président de la République une mission claire « redresser la maison, ensuite la restructurer et enfin la redynamiser ». Dès son arrivée à la tête de l’AGASA, le 28 décembre 2024, il affirme avoir découvert une institution minée par « la corruption, le détournement des recettes et la démobilisation du personnel », sans oublier une dette colossale de 938 millions de FCFA. « Le diagnostic était accablant. Il fallait agir vite pour restaurer la crédibilité et l’efficacité de l’Agence », a-t-il déclaré devant la presse.
Une réforme qui bouscule des intérêts établis
Pour redonner à l’AGASA son rôle de garant de la sécurité alimentaire et sécuriser les recettes, le directeur général dit avoir appliqué l’article 46 des statuts, qui prévoit l’autonomie des services territoriaux. Concrètement, il a mis en place une délégation provinciale spéciale pour l’Estuaire et des brigades permanentes de contrôle sanitaire à Owendo, Akanda et Libreville. « Ces nouvelles brigades permettent un suivi direct et transparent : désormais, les délégués provinciaux rendent compte directement au directeur général », a-t-il insisté. Une réforme qui, selon lui, a immédiatement réduit l’influence de certains cadres et mis fin à des pratiques de contournement. « Avant, une structure pouvait être fermée pour non-conformité et rouverte deux jours plus tard, sans que le DG en soit informé. Comment expliquer cela, sinon par la corruption ? » a-t-il lancé.
Pour Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, la grève actuelle ne reflète donc pas une revendication salariale ou sociale, mais la résistance d’anciens réseaux internes à la perte de leurs privilèges. « Tous ceux qui ont perdu leurs acquis et leur puissance de chantage sur les agents se sont mis en colère », a-t-il affirmé, en dénonçant « un groupe qui a pris l’AGASA en otage depuis quatorze ans ». Selon lui, la restructuration en cours vise à assainir définitivement le fonctionnement de l’agence et à la recentrer sur sa mission première à savoir, garantir la sécurité sanitaire des aliments consommés par les gabonais.
GMT TV