IST : locataire depuis un an, l’Etat incapable de payer ne fusse que la caution

Comment favoriser le développement de l’entrepreneuriat au Gabon avec un État qui peine à respecter ses engagements ? C’est la question douloureuse que pose aujourd’hui Pierre Épiemendet Oguelet, entrepreneur et fondateur du Complexe universitaire et technologique Bikélé Nzong, qui accueille depuis 2024 l’Institut supérieur de Technologie (IST) après l’incident ayant rendu inutilisable l’ancien site d’Ondimba. Le 20 novembre dernier, contraint par des difficultés financières devenues insurmontables, le propriétaire des lieux a décidé de fermer l’établissement. En cause, l’incapacité de l’État gabonais à régler le moindre paiement lié au contrat de location conclu pour assurer la continuité des enseignements pour plus de 1 200 étudiants.

Signé en mars 2024, le contrat de location prévoyait un ensemble d’obligations claires pour l’État, notamment le versement d’une caution et d’une avance de loyer. Or, dix-huit mois plus tard, aucun paiement n’a été effectué. Face à l’urgence d’offrir des infrastructures conformes aux besoins pédagogiques, Pierre Épiemendet explique avoir dû dans un premier temps engager près de 80 millions de francs CFA pour accélérer les travaux, puis contracter un lourd emprunt bancaire pour investir dans un nouveau bâtiment estimé à 400 millions de francs CFA. Entre 2024 et 2025, les salles de classe initialement prévues ont dû être réaménagées en amphithéâtres afin d’accueillir entre 200 et 300 étudiants par amphi, conformément aux recommandations de l’administration.

Un blocage administratif qui paralyse un établissement clé

En plus des salles construites, le nouveau bâtiment comprend aussi 11 bureaux administratifs et une salle d’incubation destinée à accompagner les jeunes entrepreneurs. Les étudiants avaient déjà commencé les cours dans ces infrastructures modernisées lorsque la situation financière est devenue intenable. « Je devais être payé en juin 2024, mais jusqu’en novembre 2025 je n’ai reçu aucun franc », déplore l’entrepreneur, dont les dettes s’accumulent alors que l’État ne donne aucun signe concret de règlement.

Selon lui, le dossier, transmis par le Patrimoine de l’État y serait bloqué depuis plusieurs mois, sans explication. Malgré plusieurs relances adressées au ministère de l’Économie, aucune réponse ne lui est parvenue. Face au silence des autorités et ne voyant « plus d’interlocuteur en face », Pierre Épiemendet a pris la décision de fermer l’IST, laissant des centaines d’étudiants dans l’incertitude et posant un sérieux problème de crédibilité pour les politiques publiques en matière d’enseignement supérieur.