Ian Ngoulou : « Noureddine m’a dit vas déposer 500 millions pour le CGE »
Durant son audition au fond devant le Cour criminelle spéciale, Ian Ghislain Ngoulou, ancien directeur de cabinet de Noureddine Bongo Valentin, a livré sa version détaillée des faits relatifs aux accusations de détournement de fonds et de blanchiment d’argent qui pèsent sur lui. Ces déclarations, prononcées le 13 novembre 2025 au Palais de justice, ont permis d’éclairer la lanterne de tous sur un épisode présumé de corruption au Centre gabonais des élections (CGE), survenu à la veille de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 30 août 2023.
Selon les propos rapportés de Ian Ghislain Ngoulou, l’affaire trouve son origine dans un appel téléphonique reçu d’un certain Oyabi, membre de la commission du CGE. Celui-ci l’aurait informé d’un incident déclenché par la fureur de Jessye Ella Ekogha. Laquelle aurait provoqué un scandale au sein du Centre gabonais des élections. Le directeur de cabinet aurait alors transmis l’appel à son supérieur, Noureddine Bongo Valentin, qui lui aurait donné des instructions directes et impératives. « Oui, comme un enfant, Noureddin me dit : ‘Va déposer 500 millions au CGE’, moi j’y vais. J’ignorais l’objet », a déclaré l’accusé à la barre devant une assistance ébahie.
Noureddine Bongo, un stratège dans ce réseau mafieux ?
Poursuivant son témoignage, Ian Ghislain Ngoulou, qui estime avoir été utilisé par « des individus qui ne pensent qu’à eux » a décrit les circonstances de la remise des fonds. Selon ses dires, c’est accompagné de Cyriaque Mvourandjami, qu’il aurait transporté une valise contenant 500 millions de francs CFA jusqu’à une ruelle sombre, où il l’aurait confiée à Oyabi. Cette transaction clandestine s’est déroulée dans un contexte de haute tension électorale, alors que le pays attendait les résultats officiels de la présidentielle. Peu après, les deux hommes seront interpellés à la guérite de la Cité de la Démocratie par les militaires.
Ces révélations intervenues dans un procès plus large impliquant des allégations de malversations financières au sommet de l’État, permettent de mieux cerner la gravité des faits. Noureddine Bongo Valentin, fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, est au cœur de ces accusations, bien que Ian Ngoulou insiste sur son rôle subalterne et son ignorance des motivations sous-jacentes. « J’ai remis la valise comme Noureddin me l’avait demandé », a-t-il réitéré. Invoquant une chaîne de commandement stricte qui l’aurait contraint à agir sans questionner.
Le parquet, chargé de l’enquête, examine ces éléments pour établir la chaîne de responsabilité dans ce qui pourrait constituer un cas de corruption électorale. Les fonds en question, estimés à 500 millions de francs CFA (environ 760 000 euros), soulèvent des questions sur leur provenance et leur destination exacte au sein du CGE, institution responsable de la supervision des scrutins nationaux. À ce stade, la Cour des céans n’a pas encore entendu les contre-témoignages des parties citées, Oyabi, Yann Koubdje voire Cyriaque Mvourandjami. L’audience se poursuit dans un climat de vigilance accrue.








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