Hydrocarbures : le Gabon veut tripler sa capacité de raffinage d’ici 2030 pour renforcer sa souveraineté énergétique

Dans le sillage de la politique de souveraineté nationale impulsée par le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, le Gabon entend changer la donne dans le secteur pétrolier. Le gouvernement a engagé des négociations avancées avec le groupe China Africa Business Council (CABC) pour construire une nouvelle raffinerie et réhabiliter la Sogara à Port-Gentil. Objectif : tripler la capacité de raffinage nationale d’ici à 2030.

Vers une indépendance énergétique assumée

C’est un tournant stratégique majeur pour le pays. En recevant récemment une délégation du China Africa Business Council (CABC) conduite par Youssouf Nzang, le ministre du Pétrole, Sosthène Nguema Nguema, a affiché la volonté claire du Gabon de sortir de sa dépendance aux importations de produits raffinés. L’ambition est de taille : faire passer la capacité de raffinage actuelle de 900 000 tonnes à près de 3 millions de tonnes par an à l’horizon 2030.

Selon les termes de ce partenariat, il est prévu d’une part, la réhabilitation complète de la Société gabonaise de raffinage (Sogara) d’ici à 2027, et d’autre part, la construction d’une nouvelle unité de raffinage moderne, capable d’absorber la demande croissante du marché national et sous-régional.

Un secteur à bout de souffle mais stratégique

Le Gabon fait face depuis plusieurs années à des pénuries récurrentes de gasoil, d’essence et de kérosène, en raison de la vétusté des installations de Port-Gentil et d’une logistique insuffisante. Ce retard a aussi un coût économique : près de 60 % des produits pétroliers consommés sont importés, plombant la balance commerciale et exposant les populations à la volatilité des prix internationaux.

En s’alliant à un acteur majeur comme CABC, déjà présent dans 42 pays africains, Libreville mise sur l’expertise chinoise pour relancer un secteur stratégique. « Ce partenariat traduit notre volonté de garantir une sécurité énergétique durable au Gabon », a déclaré un membre du cabinet du ministre lors de cette rencontre.

La vision Oligui : un Gabon énergétiquement souverain

Pour le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la restauration des leviers de souveraineté économique. Il ne s’agit pas simplement de produire plus, mais de transformer localement, maîtriser les chaînes de valeur et renforcer l’indépendance énergétique du pays face aux chocs extérieurs.

Dans ce contexte, la réussite de ce projet pourrait constituer une réponse structurelle à la crise énergétique nationale et une bouffée d’oxygène pour l’économie, en créant des emplois qualifiés, en renforçant les recettes fiscales et en stimulant les activités logistiques autour des pôles industriels pétroliers.

Prochaine étape : sécuriser les financements et lancer les travaux

Reste désormais à finaliser les études de faisabilité, sécuriser les financements et accélérer les procédures administratives. Car au-delà des annonces, le gouvernement est attendu sur les actes concrets, notamment dans un contexte de transition politique où chaque geste structurant est scruté de près.

Avec cette double offensive sur la réhabilitation de la Sogara et la création d’une nouvelle raffinerie, le Gabon pourrait redevenir un acteur majeur du raffinage en Afrique centrale. À condition de ne pas rater le virage.