Haut-Ogooué : à Bayi-Brikolo, la fronde monte contre les listes «recyclées PDG» de l’UDB

Alors que les élections législatives et locales approchent à grands pas, les populations du département de Bayi-Brikolo, dans le Haut-Ogooué, dénoncent une trahison politique incarnée par le retour en force des anciens barons du régime Bongo dans les rangs de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), rapporte Gabonclic. Une colère sourde qui menace de se transformer en vote sanction contre les promesses de rupture portées par le président Brice Clotaire Oligui Nguema.
Le rêve d’un renouveau porté par l’Union Démocratique des Bâtisseurs semble déjà s’effondrer dans certaines localités, à commencer par Bayi-Brikolo, bastion longtemps négligé du Haut-Ogooué. À deux mois des scrutins du 27 septembre prochain, les listes publiées par l’UDB ont provoqué une onde de choc. Dans les villages comme dans les cercles militants, le constat est amer : l’ancien système fait peau neuve sans changer de visage.
Des figures du passé qui cristallisent le rejet
L’élément déclencheur de la grogne ? La présence de plusieurs ex-cadres du Parti Démocratique Gabonais (PDG), jadis décriés pour leur gestion autocratique et leur absence de résultats, désormais recyclés sous l’étiquette de l’UDB. Parmi eux, Jean-Bosco Ndjounga, ancien cacique du PDG dans la région, dont la reconversion fulgurante au sein du nouveau parti est vécue comme une insulte par les habitants.
Sur les réseaux sociaux, la vidéo virale de la jeune militante Hymelda, surnommée « la Dame de Fer », illustre la profondeur du malaise. « Ce ne sont pas les listes du changement, ce sont les listes des satans ! », lance-t-elle, visiblement outrée. Elle accuse les candidats désignés d’avoir contribué à l’enlisement économique et social de la région, évoquant un processus électoral verrouillé au profit des mêmes familles politiques.
L’ombre du PDG plane sur le processus de transition
Pour de nombreux citoyens, le scénario actuel ravive les blessures d’une alternance confisquée. « On a remplacé le nom, mais pas les pratiques », confie un notable du canton Kourou. La démarche de l’UDB, censée incarner la rupture post-30 août, semble désormais compromise par un phénomène de recyclage politique à grande échelle. Un paradoxe qui ternit l’image du parti du président Oligui Nguema, pourtant attendu sur la promesse de moralisation de la vie publique.
« Nous demandons au président fondateur de reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard », insiste un membre de la société civile locale. Beaucoup appellent à un réajustement des listes et à un véritable processus participatif. Faute de quoi, préviennent-ils, « le vote sanction sera inévitable ».
Un avertissement à l’échelle nationale
Ce qui se joue à Bayi-Brikolo dépasse les frontières du département. C’est tout l’enjeu de crédibilité de la transition qui pourrait vaciller si les Gabonais ont le sentiment d’un retour déguisé à l’ordre ancien. À l’UDB de montrer qu’elle ne sera pas la copie conforme du PDG déchu, mais un véritable outil de refondation politique.
Dans le cas contraire, la « maison des bâtisseurs » pourrait s’écrouler… sous les coups de colère d’un peuple qui n’accepte plus d’être trahi.
GMT TV