Gabon-Zambie : l’agriculture comme levier d’emploi et de souveraineté ?

Alors que le chef de l’État gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema s’ouvre à de nouvelles alliances stratégiques dans le cadre d’une diplomatie économique proactive, la récente visite à Libreville d’Enock Kavindele, ancien vice-président de la Zambie, résonne comme une invitation pressante à réinventer le modèle agricole national. Pour l’expert gabonais Hervé Ovono Omva, installé en Zambie depuis quatre ans, cette rencontre pourrait marquer un tournant historique dans la quête d’autosuffisance alimentaire du Gabon.
La Zambie, modèle d’une révolution verte inclusive. « La Zambie, c’est le blé, le maïs, le soja, la pomme de terre, la volaille, le bétail, la transformation… et tout cela à partir de politiques structurantes », affirme Hervé Ovono Omva. Expert en développement et coordonnateur de l’ONG IDRC Africa, cet ingénieur gabonais engagé milite pour que le Gabon adopte sans délai une coopération active avec la Zambie. « Le président Oligui Nguema ne doit pas faire cette visite seul. Il doit se faire accompagner d’agripreneurs : ces jeunes entrepreneurs agricoles qui peuvent faire la différence sur le terrain », insiste-t-il.
Un potentiel inexploité, une jeunesse à mobiliser
Le Gabon, pays importateur de plus de 80 % de ses denrées de consommation courante malgré un potentiel foncier et hydrique considérable, ne peut plus se contenter de diagnostics. Pour Omva, il faut des actes : partenariats techniques, transferts de savoir-faire, installations de fermes-écoles, co-entreprises avec des acteurs zambiens. « Ce n’est pas une visite de courtoisie. C’est l’amorce d’une stratégie. Elle doit s’accompagner d’un programme d’accélération de la formation, de la mécanisation et de l’insertion des jeunes dans la chaîne de valeur agricole », martèle-t-il.
Diplomatie agricole et stratégie de rupture. L’expertise zambienne, saluée par les organismes internationaux, peut devenir un levier majeur de transformation. « Le Gabon ne doit pas se contenter d’un soutien diplomatique à la candidature zambienne à la BAD. Il faut bâtir une diplomatie agricole de co-développement », suggère Ovono Omva. La perspective ? Créer des joint-ventures agricoles, booster la transformation locale et positionner le Gabon comme leader agroalimentaire en Afrique centrale.
Le président Oligui Nguema a là une opportunité unique : faire de la souveraineté alimentaire le pilier visible de son septennat. Si la visite de Kavindele a semé une graine, encore faut-il qu’un partenariat structuré, impliquant le secteur privé, vienne l’arroser. L’agriculture pourrait bien devenir le cœur battant de la Vᵉ République.
GMT TV