Gabon : viols en famille, que risquent les proches qui gardent le silence ?

Alors que les affaires de viols en milieu familial se multiplient dans les sessions criminelles au Gabon, un pan entier de la loi reste souvent ignoré : celui qui punit non seulement les auteurs, mais aussi les proches qui couvrent leurs actes. Car garder le silence face à une agression sexuelle sur un mineur, c’est aussi enfreindre la loi.
Au cœur de nombreuses familles, des crimes se taisent. Le père, l’oncle, le cousin ou le frère abuse sexuellement d’une fille mineure, et la famille décide de tout étouffer. Une pratique trop répandue au Gabon, au nom du « respect de l’honneur familial », mais qui constitue une complicité passible de poursuites pénales.
Quand le silence devient une infraction !
Le Code pénal gabonais est pourtant explicite. Selon son article 255, « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise » constitue un viol. Lorsque la victime est un mineur de moins de 15 ans, l’acte devient un crime aggravé, passible de 15 à 20 ans de réclusion criminelle selon l’article 256.
Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que le silence ou la dissimulation sont aussi punissables. L’article 38 du Code pénal sanctionne la complicité : aider l’auteur à échapper à la justice, détruire des preuves ou faire pression sur la victime ou sa famille peut mener à la même peine que celle de l’agresseur. Et l’article 40 sur la non-dénonciation de crime est tout aussi clair : ne pas signaler une agression sexuelle commise contre un mineur, alors qu’on en a connaissance, peut valoir jusqu’à cinq ans de prison.
Protéger le criminel, c’est sacrifier l’enfant
La loi gabonaise reconnaît en outre que les viols et agressions sexuelles en milieu familial sont souvent commis par des personnes ayant une « autorité de droit ou de fait » sur la victime. Il peut s’agir de pénétrations vaginales, anales ou orales, même avec des objets, mais aussi d’attouchements, d’exhibitions ou de baisers forcés. Tous ces actes relèvent du pénal, et toute personne qui les tolère ou les masque devient complice.
Il est temps que la société gabonaise réalise que protéger un agresseur, c’est condamner une victime à la double peine : celle du traumatisme, et celle du déni. À l’heure où les viols intrafamiliaux s’imposent comme l’un des crimes les plus courants à Libreville et Port-Gentil, l’État et les familles doivent appliquer la loi dans toute sa rigueur.
Punir les receleurs de crime pour briser l’impunité
Mettre fin à la banalisation des crimes sexuels en famille passe par l’application ferme de la loi. Les familles doivent comprendre que leur silence est un délit. Celles et ceux qui choisissent de se taire ou d’éteindre la parole des victimes doivent désormais répondre de leurs actes devant la justice.
Car dans ces affaires, le véritable honneur ne consiste pas à protéger l’agresseur, mais à défendre la dignité de l’enfant. La justice ne doit plus faire de cadeau à ceux qui couvrent l’ignoble.
GMT TV