Gabon : vers une réduction drastique du nombre de partis politiques ?

Après dix jours de travaux, le Comité chargé de proposer une réforme de la loi sur les partis politiques a rendu ses premières conclusions le jeudi 28 mai 2025. L’une des mesures phares préconisées est la réduction significative du nombre de formations politiques, jugé excessif et inefficace dans le paysage démocratique gabonais.
Sous l’égide du ministère de la Réforme des institutions, ce comité composé de personnalités politiques, de juristes et d’acteurs de la société civile, s’est penché sur l’encadrement juridique des partis au Gabon. L’objectif : proposer un cadre plus rigoureux et plus cohérent avec les exigences d’un État en transition vers une démocratie plus responsable.
Trop de partis, peu de projets crédibles
Aujourd’hui, le Gabon compte plus de 100 partis politiques déclarés, mais très peu disposent d’un ancrage réel ou d’un programme structuré. Un « trop-plein partisan » qui dilue le débat démocratique et affaiblit la représentativité politique, selon de nombreux observateurs. « Qu’on soit d’avis ou pas, ce qui ressort dans l’opinion, c’est qu’il y a trop de partis politiques », a résumé Michel Menga M’Essone, membre du comité, au terme des travaux, rapporte nos confrères de Gabonactu.
L’ancien ministre a salué la méthode inclusive du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. « L’objectif était de ne pas prendre une décision d’autorité. Il fallait écouter les uns et les autres, mettre en place un comité pour que nous puissions faire des propositions dans ce sens. Nous ne sommes pas venus ici pour guillotiner qui que ce soit », a-t-il insisté.
Vers un filtre juridique et institutionnel plus exigeant
Dans le nouveau projet de loi en cours de rédaction, plusieurs pistes sont envisagées pour rationaliser la carte politique : limitation du nombre de partis par critères d’implantation territoriale, obligation de résultats électoraux, audit régulier des financements publics, et renforcement du contrôle administratif des activités partisanes.
L’objectif affiché est clair : assainir le fonctionnement des partis et exiger davantage de sérieux, de discipline interne, et de proximité avec les citoyens. « Il faut permettre à chacun de se retrouver et de faire le travail politique avec beaucoup de sérieux, dans l’intérêt du peuple gabonais », a insisté Michel Menga M’Essone.
Une réforme politique en phase avec la transition
Alors que le pays s’achemine vers des élections couplées en septembre 2025, cette réforme du cadre politique apparaît comme une étape décisive dans la refondation institutionnelle. Elle pourrait permettre de redonner du crédit à l’engagement partisan, dans un pays longtemps marqué par l’instrumentalisation des partis politiques à des fins clientélistes ou opportunistes.
Reste à savoir si les futures dispositions tiendront bon face aux résistances des barons politiques et aux jeux d’alliance en coulisses. La balle est désormais dans le camp du législateur de la Transition, pour transformer ces recommandations en texte de loi applicable. Et ce, dans l’intérêt exclusif de la démocratie gabonaise.
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